Katy Perry / Smile
[Capitol Records]

Avec sa pochette en trompe-l’œil (Katy arbore un nez de clown mais elle tire la gueule) et son titre en forme de conseil que l’artiste se donnerait à elle-même, Smile s’avance derechef sur le terrain d’une pop commerciale aux vertus mélancoliques. Car si le précédent album, inégal Witness (disque de transition), poussait parfois le baromètre du dark à des degrés souvent inédits chez la Perry, celui-ci traîne ouvertement la patte, se la joue maussade, patraque – petite dépression prénatale ?

Si le single éponyme (assez criard et lourdingue) devrait rassurer les midinettes, le reste du disque, heureusement, fonctionne à l’épure ainsi qu’aux beats alanguis, avachis. Même la voix de Katy, capable hier de la plus belle des suavités comme d’un défouloir Castafiore, cherche à moins se faire remarquer. Smile donne l’impression que l’auteure ne ressent plus trop le besoin de truster les hits parades à coup de pop songs colorées, mais que son impératif consiste aujourd’hui à écrire des chansons personnelles qui tiennent debout toutes seules (sans colorants mastering ni les 349 pistes d’usage). Et lorsqu’elle se contente d’une guitare acoustique et d’une rythmique aussi souple que discrète, Katy Perry donne raison à l’intérêt que nous lui portons depuis longtemps maintenant : Resilient, What Makes a Woman et surtout Harleys in Hawaii (petite préférée maison) sont certainement les chansons parmi les plus sincères (matures ?) de la Perry.

Pop commerciale ? Oui et alors ? Pas plus pas moins que chez Madonna ou les Pet Shop Boys. D’autant que Katy Perry n’est évidemment plus l’adolescente de Teenage Dream, et que le manque d’audace lui aurait ordonné de reconduire une formule barbapapa à laquelle, depuis Witness, elle ne croit guère. Au lieu de feindre le sourire forcé, l’auto-parodie ou le hit par nécessité (comme sur certains titres du précédent), Katheryn Elizabeth Hudson préfère, avec Smile, enregistrer un album qui lui ressemble – et tant pis pour les charts. Son meilleur ?