L’un des titres du nouvel album de Shannon Wright se nomme Soft Noise (Vicious Circle). Voilà qui résume les ambiances de Division, disque feutré, qui n’en dit pas trop mais sous-entend beaucoup : chaque morceau donne la sensation de pouvoir exploser à n’importe quel moment, de briser le vernis atmosphérique pour gronder jusqu’à l’hystérie. Ce n’est jamais le cas. Shannon délaisse (un peu) les guitares pour s’en remettre au piano. Mais ce piano n’a rien d’élégiaque. Il renvoie à des berceuses enfantines à deux enjambées du cauchemardesque. D’ailleurs, les quelques apports électroniques s’offrent désuets, comme un enfant qui tapoterait sur son premier Casio.
Division est un disque court. L’urgence exige de ne pas se répandre en accords inutiles. Le propos est resserré. Les intentions, carrées. Ces huit titres paraissent néanmoins en durer le double. Bon signe : lorsqu’un album avance dégraissé mais long à écouter, c’est qu’une pensée a fait son chemin, c’est qu’une fascination permet à l’auditeur d’en savourer chaque particule. Division est un peu frustrant (31 minutes) mais impossible à temporaliser (31 minutes qui détiennent une logique propre).
La beauté Division vient d’ici : on ne peut prévoir ce que Shannon réserve à l’auditeur, on ne sait trop s’il faut se laisser avaler par cette fausse quiétude ou bien rester aux aguets – en attente du coup de tonnerre. Division joue sur le suspense, son immersion est tout aussi fascinante (huit titres, huit merveilles) qu’à contre-courant (les chansons, bien que limpides, se construisent autour d’une cohésion personnelle). L’intransigeance de Shannon Wright est aujourd’hui un gage de nouveauté.
02. The Thirst
03. Wayward
04. Accidental
05. Seemingly
06. Soft Noise
07. Iodine
08. Lighthouse (Drag us in)