La torpeur actuelle ayant de plus en plus tendance à devenir source d’apathie, qu’il est agréable de s’infuser du rock méchant jusqu’à s’en faire griller les tympans (mais pas les neurones). Bonne pioche avec les Andennais de Elvis Black Stars et leur album Lamb of Dracula (ce titre !). Dès l’ouverture (Lie of Honor), le niveau d’électricité à l’ouvrage est tellement gargantuesque qu’il pourrait alimenter tout un foyer durant de nombreuses semaines. Le miracle étant que le groupe, sur un sprint de dix titres, ne débande à aucun moment : riffs rentre-dedans, voix nonchalante assez british, section rythmique façon tirs de mortier… L’essence même du rock, quelque part : de la bière, des grattes souillonnes, la rage d’en découdre.
Cet attrait pour le boucan ne redoute-t-il pas l’usure de l’auditeur ? Elvis Black Stars : combo suintant mais également savant. Car si les guitares se veulent agressives, chaque morceau détient une assise pop suffisamment robuste pour donner à cet ensemble un caractère ultra mélodique, pour permettre à Lamb of Dracula d’attaquer l’audience tout en lui intimant l’ordre de bouger son corps (voire de pogoter). Plutôt qu’un uppercut, Elvis Black Stars préfère le faux coup de boule, la gifle en forme de caresse.
De ce fait, le groupe n’ose pas encore s’approcher de la perdition qu’impliquerait une telle musique. Le trio s’éclate, et nous éclate, mais prend bien soin de cadenasser ses potentielles effluves dark. Comme si dévolu à la noble cause rock’n’roll, Elvis Black Stars craignait d’ennuyer ou de se répandre en circonvolutions intimes. Or, une fissure s’entraperçoit, bien que bridée par le choix du groupe d’entièrement se focaliser sur son plaisir à jouer fort, vite et bien. L’agneau de l’intitulé est donc aussi important que l’Empaleur Dracula.
02. King Ringo
03. Not Confused
04. Issues
05. Strange Escape
06. Purified
07. Fastened
08. Wrongdoer
09. Come to Me
10. Don’t Love Your Soul