Originaire de Nouvelle Zélande, Tamaryn Brown s’installe dans un premier temps à San Francisco avec un premier album à la clé, The Waves sorti en 2010. Elle décide de poser ensuite ses valises à New York pour deux autres albums dont le dernier. Un deuxième larron rencontré à New York et partenaire depuis 2008, Rex John Shelverton l’accompagne sur toute la création et la production.
Le groupe aux nuances moins shoegaze que dream-pop (si l’on considère les premiers épisodes chargés d’influences de My Bloody Valentine ou The Jesus & Mary Chains) est plutôt prolifique dans les projets divers (bandes sonores, scores, reprises…) et collaborations fructueuses : Dee Dee Penny des Dum Dum Girls, Jorge Elbrecht (Violens, Lansing-Dreiden) ou encore Shaun Durkan (Weekend) notamment aux manettes du dernier album.
Cranekiss (Mexican Summer) aligne tube sur tube sans discontinuité comme des poupées qui s’enchevêtrent, des sucreries colorées, alléchantes et pétillantes. Dès les premières notes on se retrouve trente ans en arrière. En effet les textures de voix de Tamaryn ne sont pas sans rappeler Elizabeth Fraser, This Mortal Coil (soit l’écurie 4AD), parfois David Sylvian voire Kate Bush.
Pratiquement tout l’album porte l’empreinte des Cocteau Twins (des traitements de sons, de voix aux effets), auxquels s’invitent This Mortal Coil (Cranekiss, Hands all over me), The Cure avec des clins d’oeil à Faith et une basse mélodieuse à la rythmique soulignée (Softcore, Sugar Fix), Dead Can Dance (Keep Calling), les Sisters of Mercy sans la voix de Andrew Eldritch (Fade away slow), Siouxsie & The Banshees avec Intruder et son rythme évoquant la période Peepshow ou plus étonnant, aux allures d’une pop élégante et radiophonique, Prefab Sprout (Last).
Même si tous ces sons réveillent notre mémoire de chroniqueur musicophage d’images usées et jaunies de Corbeaux, Batcaves, Goths… on s’y sent bien. On s’évade avec délice au sein de cette enveloppe charnelle, une bulle sautillante gaie et sensuelle, une ambiance évaporée, éthérée avec une pointe de nostalgie brumeuse et cendrée. Lumineux, intimidant et légèrement étrange sont autant de superlatifs des compositions du duo New Yorkais qui alternent entre atmosphères calmes et langoureuses, titres parfumés de noirceur cold et assauts radiophoniques.
A l’issue d’une écoute complète, on n’a qu’une envie, y retourner, s’y lover de nouveau.
Pour la énième fois, le doute n’est plus possible. Outre atlantique, on sait redonner une nouvelle jeunesse aux fantômes gothiques de la vieille Europe avec génie et passion.
Merci de nous montrer qu’il est encore possible d’enregistrer des albums alignant les tubes d’une part, sans se contenter d’un seul titre fédérateur pour nous faire passer la pilule de la re re redite d’autre part.
02. Hands All Over Me
03. Last
04. Collection
05 Keep Calling
06. Softcore
07. Fade Away Slow
08. I Won’t Be Found
09. Sugar Fix
10. Intruder (Waking You Up)