Jay-Jay Johanson a décidé de déterrer la hache de guerre, sur son nouvel album qui sortira le 15 septembre. Bury The Hatchett (c’est le titre, donc) est présenté – c’est devenu une habitude chez les anciens combattants – comme un retour aux sources pour le jovial Suédois (voir photo, on rigole). Le Lee Hazlewood de Trollhättan promet ici de retrouver sa veine caractéristique, mi-trip hop, mi-jazz, mi-soul. Après s’être un peu paumé dans des expérimentations électro et bizarroïdes, Jay-Jay Johanson a décidé depuis quelques années de ne plus courir après la branchitude et de renouer avec la musique (et le personnage guilleret) qui avait fait sa renommée et son succès (en France, du moins) à la fin des années 90. Chouchou des Inrocks, et coqueluche élégante de ceux qu’on n’appelait pas encore les bobos, Jay-Jay Johanson avait épaté par sa voix, son assurance et sa fébrilité sentimentale.
Avec Bury The Hatchett et ses premiers extraits, on retrouve cette ligne claire classieuse, cette nonchalance nostalgique et cette patine sonore qui emprunte au hip hop et au jazz sa façon de rouler des mécaniques. Paranoid, le premier extrait du nouvel album, est peut-être son morceau le plus séduisant et dynamique depuis un bail. Jay-Jay Johanson y retrouve son allant et ce petit je ne sais quoi qui faisait son charme. Est-ce le signal d’un mojo retrouvé ? L’homme fait toujours un peu de peine. Il chante la tristesse, la solitude, l’errance dans des environnements peuplés de meubles muets et assemblés avec soin. Le vieillissement a accentué son côté Droopy. Ici, les textes évoquent l’amour flottant qui s’évanouit, le doute et la défiance. « I don’t think you really love me anymore/ You say you do but it doesn’t feel quite like before You are easily getting angry / I don’t wanna fight Oh no!/ But something doesn’t feel right/ You don’t answer the mails I send to you/ You are not calling back like you say… » On ne va pas se relever la nuit pour écouter ça en famille, ni apprendre la poésie par coeur pour l’école, mais cela peut fonctionner entre adulescents consentants. You’ll Miss Me When I’m Gone, le deuxième extrait connu à ce jour, est tout aussi efficace. Côté people, on notera sur cet album la présence de Lucy Bell Guthrie sur un morceau, célèbre fille de Liz Frazer et Robin Guthrie, ex-Cocteau Twins, dont l’ami Jay-Jay est décrit (dans la feuille de presse) comme proche. La dernière fois qu’on a lu cette formule là, c’était quand Paris Match n’osait pas dire que François Fillon s’envoyait sa chargée de com. On s’en fout tout autant.
Le bonhomme sera en tournée française en novembre.