Yeti Lane / L’Aurore
[Clapping Music / Sonic Cathedral]

Yeti Lane / L'AuroreCe monde mondialisé est merveilleux : Cédric Benyoucef et Charlie Boyer ont pu signer sur le label anglais Sonic Cathedral, tout en continuant à conserver le partenariat de longue date avec la structure parisienne Clapping Music, et rencontrer certains de leurs héros sur la route et même les inviter en studio. Les deux musiciens de Yeti Lane ont sué corps et âmes sur leurs instruments, usé leurs nuits à tester mille et un effets pour parvenir à ériger cette cathédrale sonore qu’est L’Aurore. Un travail d’architecture remarquable enregistré en direct sur des bandes magnétiques par le contremaître Angy Laperdrix (qui a également fait un admirable travail au mixage). Du bel ouvrage.

Mais la plupart des auditeurs découvriront leur œuvre en MP3, voire sur un site en streaming, avec une qualité auditive digne du papier mâché. Sacrilège. On enjoint donc tous ceux qui avaient succombé à The Echo Show paru en 2012 et décrit par la presse britannique comme « la combinaison de Kraftwerk avec LCD Soundsystem et My Bloody Valentine » (formule flatteuse, pas complètement usurpée mais pas vraiment idoine) de mettre la main sur un exemplaire physique – ce qui permettra de surcroît de profiter du beau travail graphique sur la pochette.

Une fois le casque chaussé sur les oreilles, le volume réglé à un volume confortable (que votre compagnon ou colocataire aurait reprouvé), on peut alors s’immerger dans les compositions psychédéliques, acides, pyrotechniques, épiques : les adjectifs s’empilent pour ce  groupe qui aime tant démultiplier et empiler les couches instrumentales. L’entreprise parait démesurée pour un simple duo – on rappelle que Loïc Carron a quitté ses anciens compagnons de Cyann & Ben depuis un bon moment déjà – et pourtant, chaque composition s’élève comme le sommet d’un massif vertigineux. L’improvisation a pris une large place dans la composition de ce disque et cela s’entend sur un morceau comme Crystal Sky qui ne respecte aucune structure. On perçoit aussi significativement l’influence d’Anton Newcombe, le leader de Brian Jonestown Massacre avec qui les Français ont fricoté (ils auraient même tenté des sessions commune finalement inabouties). La ressemblance est flagrante sur Acide Amer, marqué par un roulement de batterie comme les affectionnent Newcombe et une rythmique façon machine à laver. Yeti Lane a également traîné avec Barrie Cadogan (Little Barrie, Primal Scream) et accompagné en concert Damo Suzuki (CAN). Ces accointances laissent imaginer l’ambition du duo à renouveler ses sempiternelles influences (le prog-rock, les volutes de Spacemen 3, les vapeurs toxiques du 13th Floor Elevators, la puissance de Neil Young avec Crazy Horse…). Ce qui est en revanche une nouveauté, c’est le changement de langue : la plupart des chansons sont en français désormais… oui sauf qu’il faut vraiment tendre l’oreille une paire de fois pour s’en apercevoir, tant le chant reste difficilement compréhensible : la mélodie et la sonorité prévalent toujours sur le texte – mais peu importe, on apprécie Yeti Lane pour son expressivité musicale, plus que pour son expression verbale.

Tracklist
1. Délicat
2. Good Word’s Gone
3. Acide Amer
4. Liquide
5. L’Aurore
6. Crystal Sky
7. Exquis
8. Ne Dis Rien
Écouter Yeti Lane - L'Aurore

Liens
Le site de Clapping Music
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