Jamie Hince et Alisson Mossart nous offrent ici un disque assez accessible grâce à l’union singulière d’un chant féminin très mélodique doté d’une certaine douceur et d’une instrumentation rock contrastante. Composées de riffs et de phrasés assez tranchants, les parties guitare essentiellement en sons saturés sont posées sur une rythmique martiale et une basse synthétique.
Le duo américain souvent comparé aux White Stripes en raison du style de musique et du type de formation (un mec et une fille) se démarque tout de même assez de ce groupe n’officiant plus aujourd’hui. Jack et Meg White auront accédé à la notoriété avec leur très bon tube Seven Nation Army dont le fameux taaaa ta ta ta ta taaaa taaaa est hélas souvent repris par les masses de supporters et lourdauds avinés en fins de banquets, mariages et autres festivités. Assez pénible en effet…
The Kills quant à eux délivrent avec ce nouvel album une musique plus élaborée que leurs précédents disques sans perdre la simplicité et la spontanéité qu’exige ce genre de rock assez récent. Le timbre de voix clair et puissant de la chanteuse ne la fait pas pour autant basculer dans des interprétations facilement agressives. A l’écoute du disque ou en les voyant encore plus affirmés en concert, on ressent chez ces musiciens un ardent besoin d’exprimer une rage qui semble légitime, en effet ils ne tapent pas sur papa mais sur l’incommunicabilité, la difficulté de faire accepter sa différence, l’inconfort de sortir des sentiers battus, l’illusion de l’amour aussi entre autre. Contrairement au genre punk-rock, l’impact émotionnel est ici atténué par une mise en musique moins véloce et une esthétique plus recherchée tant pour leurs morceaux que pour leur attitude assez marketée, on peut le dire, en 2010 The Kills auront, l’espace d’une saison, été ambassadeurs de la marque de vêtements hype Zadig et voltaire.
Les parties guitare de Jamie Hince qui a du retravailler son jeu à la suite de 6 opérations de la main et au final de la perte de l’usage de l’un de ses doigts (tout comme ce qui est arrivé au guitariste de Jazz manouche Django Reinhardt) relèvent d’un quasi exploit. Effectivement cela doit exiger une bonne dose de détermination et d’inventivité pour se créer à nouveau une technique venant remplacer celle qui avait certainement nécessité des années de travail. Ne pouvant plus faire de bends, le guitariste utilise désormais des vibratos Bigsby permettant en l’actionnant de hausser ou baisser la note jouée de 1 à 2 demi-tons. (Brian Setzer du groupe de rockabilly les Stray Cats l’utilise souvent notamment sur le titre Runaway Boys). Un jeu de guitare personnel donc, toujours en sons saturés parfois noises, empruntant des plans blues en cassant les schémas sans rechercher la virtuosité, c’est du rock brut et spontané et c’est bien là la difficulté, à savoir trouver des idées simples tout en restant original.
L’album offre quelques moments plus apaisés sur les titres Hum for Your Buzz (ballade blues guitare/voix à l’ambiance assez rétro), That Love interprété au piano et à la six cordes acoustique ainsi que le titre Echo Home au rythme paisible sur lequel les 2 membres du duo unissent leurs voix créant une mélodie à la musicalité moderne rappelant l’esprit de certains morceaux du groupe The xx. On peut noter l’utilisation récurrente du vibrato guitare sur ce dernier titre procurant au morceau une ambiance flottante, cotonneuse. Ash and Ice autrement dit le consumé et le glacial, la clope et l’alcool, l’énergie éruptive volcanique cristallisée en magma et le froid qui s’en suit qui préserve et conserve. « Steady as a rock, keep your head cold ».
The Kills – Siberian Nights
The Kills – Doing It To Death
02. Heart of a Dog
03. Hard Habit to Break
04. Bitter Fruit
05. Days of Why and How
06. Let It Drop
07. Hum for Your Buzz
08. Siberian Nights
09. That Love
10. Impossible Tracks
11. Black Tar
12. Echo Home
13. Whirling Eye