Peter Perrett vs les Pixies ou l’apologie de la drogue

Peter Perrett - The CleansingIl ne faut pas en déduire qu’il vaut mieux passer 30 ans dans la cave de son manoir à se faire pipi dessus entre deux pipes de crack plutôt que de mener une vie saine en Californie mais force est de constater à l’écoute de leurs deux singles sortis le même jour que Peter Perrett se porte musicalement mieux que Frank Black et ses potes des Pixies.

Disinfectant, le nouveau single ambassadeur de son album qui sortira le 1er novembre, The Cleansing, est un titre excellent, qui après un premier morceau déjà bien accueilli confirme que Perrett a encore pas mal de choses à dire, de chansons à composer et à interpréter. On retrouve sur ce morceau le Fontaines D.C, Carlos O’Connell, avec lequel Perrett a fait ami ami après un concert et qui a participé à huit titres du disque. Perrett accueille aussi sur ce titre Alice Go des Dream Wife, laquelle vient apporter une touche de féminité vénéneuse, un peu kitsch, au morceau. La chanson est un peu longue et met en avant de longs solos de guitare interprétés par le fils de Perrett et qui tentent de rivaliser avec la maestria de jadis d’un John Perry au sein de The Only Ones. Perrett faisait déjà ce genre de choses en 1979, il continue 45 ans après, au sortir d’une éclipse gigantesque et dramatique. Qu’on ne s’emballe pas cependant, on ne sait pas si le disque annoncé constitué de 20 morceaux égalera les meilleures productions du bonhomme. A désormais 72 ans, Perrett est moins vif et speed que jadis et il faut réécouter les disques de son premier groupe pour se souvenir combien il a été incisif et décisif.

La vitesse est aussi ce qui freine les Pixies. Passés du statut de groupe le plus rapide/urgent du circuit à une balourdise rock qui a perdu, depuis finalement assez longtemps, leurs fans de la première heure, les Pixies continuent de produire des singles et des albums, qui n’emballent pas complètement mais leur permettent de poursuivre leur tournée permanente autour du globe. Nouvelle preuve de ce problème de dynamique avec le nouveau morceau, Motoroller, qui continue de révéler un nouvel album qui débarquera le 25 octobre. Au moins eux, auront réussi à éviter le 1er novembre, date de sortie du dernier The Cure, mais il n’est pas certain qu’on soit au rendez-vous la semaine précédente avec autant d’excitation et d’envie que pour nos amis corbeaux. Les Américains en ont profité pour annoncer aussi deux dates françaises en mai, à Bordeaux et Nantes.

Motoroller est une chanson assez sympa, enlevée et marquée par une jolie ligne de basse, mais elle semble totalement dénuée d’enjeux. La vidéo officielle met en avant des paroles qui, bien que quelque peu  hermétiques, n’inspirent pas grand chose. Black Francis parle de trouver sa place, de mots qui ne sortent pas puis s’entrechoquent, d’une prise d’espace qui est une notion pourtant centrale dans l’oeuvre du groupe mais qui ici est à peu près aussi excitante et libératrice qu’une virée au centre commercial. Il faut beaucoup beaucoup d’imagination pour penser que ces guitares certes bien agencées par un Santiago occupant le centre du dispositif vont permettre à quiconque de s’élever vers quoi que ce soit et d’éprouver un sentiment de liberté. On s’ennuie un peu tout en hochant la tête en se raccrochant à l’interprétation pépère mais séduisante d’un Frank Black en pilotage automatique. Ni mauvais, ni bon, c’est devenu la rengaine depuis Chicken, le premier extrait d’un The Night The Zombies Came Out dont on craint qu’il ne donne envie aux zombies d’aller se recoucher plutôt que de bouffer de la cervelle.

Avancer en âge n’est pas simple et peut être encore plus piégeux quand on a été génial.

photo : presse Pixies par Travis Shinn

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