Will Butler / Policy
[Merge / Differ-ant]

Même si le travail de Will Butler a été reconnu à l’occasion de la bande originale du film Her (cosigné avec Owen Pallett), à l’heure de faire paraître son premier album, tout un chacun fera le rapprochement avec Arcade Fire, dans lequel il œuvre à plusieurs postes en passant d’un instrument à l’autre, et la comparaison avec Win Butler, leader charismatique du groupe multi-platiné. En signant cette œuvre de son propre nom, le cadet risque de souffrir fréquemment de la confusion avec son frère alors que le jeune Canadien cherche indéniablement à sortir de l’ombre, à se distinguer (il aurait d’ailleurs du opter pour un pseudo ou tout du moins, mettre son prénom en entier !).

Malheureusement, l’écoute multiple et attentionnée de Policy, même avec la bienveillance procurée par son curriculum vitæ, ne permet pas de répondre pour quelles bonnes raisons il n’a pas soumis ses compositions au groupe pour les emmener un peu plus loin. William Butler a composé une huitaine de chansons de rock basique, certes de bon aloi, mais dénuées des qualités qui rendent essentielle une composition d’Arcade Fire. Du rock’n’roll conventionnel, rehaussé d’une dose de boogie, ponctuée d’une touche d’électro binaire, mais sans imagination, sans folie, sans cette incarnation qui donne ce supplément d’âme, qui peut bouleverser grâce à une orchestration plus imaginative – pourtant Policy bénéficie de l’apport de collaborateurs réguliers d’Arcade Fire et Will est un multi-instrumentiste talentueux. Si on ne pouvait y accoler l’étiquette d’un des plus gros vendeurs dans sa catégorie, on y reviendrait guère, rangeant cette production aux côtés des monceaux de productions « garage » qui encombrent les ondes ces derniers temps. Will Butler a certainement pris un grand plaisir en enregistrant ce disque dans l’ancien salon de Jimi Hendrix. La belle affaire. Il fait ce qu’il veut pendant ses vacances. De là, à trouver matière à encourager cette escapade émancipatrice, il y a en revanche une immensité.