Œuvrant sous le pseudonyme de (Sandy) Alex G – une hérésie pour le référencement sur la toile -, Alex Giannascoli a tout du slacker attachant. Derrière son air d’éternel adolescent, fuyant la hype malgré une indéniable aura au sein de la communauté indie américaine, c’est un besogneux nonchalant. House Of Sugar est ainsi son neuvième album, le troisième depuis qu’il a rejoint le puissant label Domino, sans que jamais il ne se tracasse de faire évoluer son style. Toutefois, plutôt que de composer et enregistrer le tout d’une traite, laissant libre cours à son inspiration qui puise dans le quotidien et les souvenirs, il a pris le temps cette fois-ci de peaufiner ses compositions. Lui qui écrit, compose, chante et interprète – presque – tout en solo, s’est appliqué à bâtir un véritable album, là où ces précédentes réalisations compilaient des instantanées. (Sandy) Alex G franchit ainsi un indéniable pallier qu’il faudra mesurer sur l’échelle de valeurs des songwritters dont Stephen Malkmus (Pavement), Jay Mascis (Dinosaur Jr) et Lou Barlow (Sebadoh) servent de maîtres-étalons.
Comme chez ce triumvirat dans l’ombre duquel il reste confiné, Alex Giannascoli prend un malin plaisir à s’avancer mal fagoté. Walk Away placé en ouverture annonce l’instabilité de l’ouvrage à venir : une mélodie bancale et dissonante qu’on aurait vite fait d’écarter avant qu’elle se mue en incantation hypnotique. Heureusement, Alex G se lance dès Hope au petit trot dans une virée bucolique à travers une Amérique rurale, entre guitares baladeuses et mélodies célestes. Lorsque le soleil décline, Alex G nous narre sa version de Gretel, entre effroi juvénile et mal-être adolescent – une freak-song délicieuse. Progressivement, les compositions s’égayent dans un dédale expérimental, avec quelques incongruités synthétiques (comme cette voix trafiquée qui salope Sugar). On perdrait le fil de ce road-movie, si Giannascoli ne reprenait pas rapidement une voie qu’il connaît bien. Confortablement transportés à bord de ses chansons gentiment noisy, on l’écoute se confier, alors que les paysages défilent dans un décor apaisant et apaisé.
Si malgré les intentions et d’indéniables qualités House Of Sugar ne constitue pas une œuvre majeure, du moins cet album sera-t-il à coup sûr un jalon dans le parcours de cet artiste attachant. Et en attendant, on profite avidement de cette chouette virée entre copains de longue date.