Le titre est facile mais ce Minus inaugural qui présente l’album du même nom de l’ancien Yuck, Daniel Blumberg, a tout d’un grand. Enregistré avec l’aide du producteur Peter Walsh, collaborateur proche de Scott Walker, et mis en image par David Jancso, associé au film L’Enfance d’un leader, pour lequel Walker avait réalisé la BO, la chanson titre de ce premier album solo, à paraître début mai, est magnifique.
Blumberg s’y présente dans le plus simple appareil, définitivement séparé semble-t-il des guitares grésillantes de son regretté ancien groupe. L’album est nimbé déjà d’une légende noire véhiculée par la maison de disques Mute et qui renforce l’attraction qu’on peut éprouver pour cette musique désolée. Minus, le clip, a été tourné dans une cabane dans laquelle l’artiste aurait écrit la majorité de l’album avant de l’enregistrer en cinq jours seulement dans un studio au Pays de Galles…. au moment même où lui et sa copine de sept ans se… séparaient. Cabane en bois, enregistrement éclair, rupture douloureuse. On voit que Blumberg coche toutes les cases pour le grand album dépressif que le monde indé attend depuis des années. L’histoire ajoute même un séjour d’une semaine en hôpital psychiatrique qui a précédé l’enregistrement.
Du lourd donc et du salement triste pour ce disque qui comportera simplement 7 morceaux et qui semble prolonger les travaux d’études dépressives que Blumberg avaient mené ces dernières années avec Low, Lambchop ou encore David Berman des sublimes Silverjews. Malgré tout ça (et oui, ça fait beaucoup), Minus, le morceau s’appuie sur une belle lisibilité renforcée par les arrangements soyeux et réconfortants de Walsh. C’est le mariage de cette production soigneuse et de cette parole déchirée qui va sans doute valoir le déplacement ici. A suivre donc si on a envie de se pendre, de s’empoisonner ou de se couper les veines en beauté.