Impermanence, sorti au début de l’année, est l’album le plus intrigant, séduisant, inépuisable sorti depuis un bail. Le leader de The Antlers, groupe repère merveilleux et mis en sommeil pour l’occasion, s’y présente dans le plus simple appareil : une guitare, sa voix d’or suraigue, des textes qui renvoient à des expériences quasi sacrées de méditation et de rédécouverte de la vie. New age, Peter Silberman ? Pas tant que ça. L’homme est poète, barde, inspiré et compose une musique hors du temps et au ralenti, où tous les détails apparaissent, libérant un accès à un monde (de sensations, d’images quasi-amniotiques) où l’on a l’impression de grandir et d’apprendre des choses sur soi. L’expérience d’Impermanence confine à la magie. Elle en mènera d’autres au bout de l’ennui sûrement. Mais le voyage vaut le déplacement. L’album est radical et l’expérience totale. Silberman raconte qu’il a perdu l’ouïe peu avant de se lancer dans l’aventure. Cela s’entend. Tout est beau et paisible, comme si on découvrait le monde, les sons pour la première fois. L’homme est affable, merveilleux, à l’image de sa musique. Il chante comme il respire et parle comme il chante.
Vous ne vous en souvenez probablement pas mais on s’était rencontrés à Paris en mars 2010. C’était votre premier passage chez nous, je crois. Vous avez parcouru du chemin depuis. Quelles sont les trois choses que vous retenez de ces 7 dernières années ?
Sept années, c’est une éternité ! J’ai vécu tellement de choses depuis 2010. Apprendre à méditer a été un jalon très important. C’est une chose déterminante pour moi qui m’aide à évoluer et à changer. Déménager en dehors de New York. Et puis ce qui est arrivé à mes oreilles aussi (Note : Voir plus loin. Silberman a perdu l’ouïe suite à une maladie). Ce sont les trois choses que je retiendrais.
Lors de cet entretien en 2010, Hospice venait de sortir et vous chantiez au sujet de ces étranges visites à l’hôpital auprès d’une amie malade. Vous parliez de circonstances réelles mais vous développiez avec cet album une sorte d’expérience spirituelle. Déjà. Avec Impermanence, vous faites un pas de plus vers l’abstraction, la transcendence et les considérations spirituelles. Est-ce que la musique peut être considérée comme de la philosophie changée en sons ?
Non, je ne pense pas que j’ai toujours écrit de la musique ainsi, de la musique avec des intentions philosophiques ou spirituelles. Disons que je n’en étais pas conscient avant ces dernières années. Si je regarde en arrière et me retourne sur mon travail, on peut effectivement y voir un motif récurrent et quelque chose qui se retrouve tout au long de ma carrière.
Vous avez dit à la presse que la musique d’Impermanence avait été en partie provoquée par une maladie affectant votre audition. Vous avez souffert d’une quasi surdité pendant un certain temps. Est-ce qu’il s’agissait d’une maladie temporaire ou est-ce plus sérieux ?
La majorité des symptômes était temporaire, mais il me reste quelques séquelles et quelques symptômes résiduels depuis maintenant plusieurs années. Cela tend à s’améliorer heureusement avec le temps mais je suis confronté à tout ça quotidiennement et j’ai appris à faire avec.
En bon et vieux fan de The Antlers, j’ai bien sûr une question importante : est-ce qu’il y aura d’autres albums de The Antlers ou est-ce qu’avec Impermanence vous êtes parti maintenant pour une carrière solo ?
Le groupe n’est plus en activité. Mais nous restons des musiciens actifs chacun de notre côté. Il est possible qu’il y ait un nouvel album un jour.
En lisant la présentation du disque, je me suis inquiété pour votre santé mentale. Est-ce qu’il s’est transformé en fanatique new age ? Les gens sont généralement sceptiques au sujet de la méditation et des expériences spirituelles (surtout quand tu ne prends pas de drogues!). Quel est votre rapport à la spiritualité ? Je me souviens qu’il y a quelques années, vous lisiez déjà des livres sur le bouddhisme et Le Livre des Morts…
Je pense que les gens sont sceptiques en ce qui concerne tout cela parce qu’ils sont allergiques au terme et aux connotations “new age”. C’est un bon exemple de sentiments tout à fait légitimes et qui sont caricaturés. Ma conception de la méditation me ramène à un temps passé, chaque jour, assis avec mes pensées. Je me rassemble et j’essaie de ressentir physiquement et mentalement la manière dont je me sens, ce que j’éprouve. La spiritualité peut prendre un côté mystique chez moi. J’essaie de de me servir de ces expériences pour alimenter ma créativité et mieux l’exprimer. Cela m’intéresse plus que d’essayer d’expliquer les choses.
Concrètement, qu’est-ce que vous faites et comment est-ce que vous développez cet aspect des choses ? Est-ce que vous lisez ? Est-ce que vous voyagez ? Et comment cela se conjugue-t-il avec votre vie de tous les jours ?
Comme je le disais, je reste assis quelques minutes lorsque je me lève et assis encore quelques minutes avant de me mettre au lit. J’essaie de considérer ce qui se passe dans la journée comme autant de sujets de réflexion, en gardant une forme de conscience et d’attention sur tout ce qui se déroule. Avant, la méditation était un peu à part et portait presque un regard d’étrangeté sur ma vie. Maintenant, les deux sont plus imbriquées et fonctionnent mieux ensemble.
J’ai l’impression que votre musique est plus tournée vers vous aujourd’hui (au sens de l’intimité, l’exploration du moi et de la façon dont il se connecte aux autres) que véritablement religieuse. Est-ce le cas ? Vous avez été élevé dans une famille juive. Comment est-ce que vous conciliez la pratique de la méditation et vos (éventuelles) croyances religieuses ?
J’ai effectivement été élevé dans un environnement juif mais je ne pense pas en être très imprégné en dehors de ce qui est culturel et relève de l’héritage proprement dit. Je n’ai pas de croyances religieuses en tant que telle. Ma musique n’a donc rien de religieux ou rien qui renvoie à un canon de règles mais j’intègre des idées ou des traditions spirituelles qui sont issues de plusieurs cultures ou voies. Il y a souvent des intentions magnifiques à l’origine des croyances des hommes, des histoires mythologiques, etc. Il est important de savoir utiliser ces références et d’en faire des signes qui pointent vers autre chose.
D’après les titres des chansons, je m’attendais à un album complètement abstrait. Or, nous avons sur Impermanence des chansons qui sont certes spirituelles mais renvoient aussi à des éléments très terrestres. On n’est pas dans l’espace ! On a l’impression de se retrouver face à quelqu’un qui atteint un niveau de conscience claire, ouvre à nouveau les yeux et les oreilles et redécouvre le monde comme un nouveau né. C’est à la fois fascinant et dérangeant. Sophistiqué et primitif. Très précieux et finalement assez simple. C’était votre but de concilier tout ça ?
Oui, je voulais que cet album soit un hybride, un point de rencontre entre une expérience terre à terre et une expérience cosmique. Il y a pas mal de choses dans la vie, dans le fait d’être en vie qui relèvent du mystère. Tout ce qui me ramène à ce mystère a tendance à jouer un rôle très positif sur ma psyché. Articuler ce qui se transmet par les mots et ce qui ne peut pas se réduire à cela m’aide à maintenir le cap.
Quelle est la part d’instinct et quelle est la part de création réfléchie dans votre processus de composition ? Est-ce que vous écrivez tout avant d’entrer en studio ? Ou est-ce que vous abordez tout cela de manière plus spontanée ?
Chez moi, la dimension intellectuelle sert de boîte à outils pour exprimer ce qui relèverait chez d’autres de l’instinct. La réflexion me permet de m’appuyer sur du vocabulaire et d’exprimer plus ou moins clairement des expériences que je n’ai souvent moi-même pas pu me représenter entièrement.
Dans la musique et les textes, on a l’impression que vous travaillez comme un entomologiste. Vous avez le sens du detail. La lentille est réglée sur de toutes petites choses. Le rythme est si lent. C’est à la fois remarquable et fascinant. Est-ce que pour vous faire de la musique veut dire s’attacher aux details, considerer les choses comme elles sont vraiment ?
J’essaie de trouver l’équilibre. L’équilibre entre l’attention aux détails et des choses qui ont une portée plus générale. Le but est de pouvoir soutenir des revendications ou des affirmations existentielles par des exemples.
Est-ce que les choses étaient très différentes quand vous jouiez et composiez avec The Antlers ?
C’était différent car ici je n’ai partagé les chansons avec personne avant qu’elles soient quasiment terminées. Avec les Antlers, j’avais pris l’habitude de partager les idées relativement tôt dans le processus et nous les menions au bout collectivement. Il y avait donc une sacrée difference oui.
Quand vous est venue cette idée et cette envie d’un album solo. Est-ce que c’était en 2014/2015 pendant que vous étiez en tournée avec Familiars ? C’est important de signer quelque chose avec son seul nom ?
J’ai toujours eu en tête de faire un album solo. Depuis le début, j’avais prévu de le faire quand le moment serait approprié.
La manière dont vous faites de la musique me rappelle la façon dont Terrence Malick filme. C’est très beau, mais aussi presque surréaliste tant cela fourmille de détails. Vous rendez le reel irréel ou sur-réel. Est-ce que vous voyez des images quand vous jouez ou écrivez de la musique ? Vous imaginez les choses dans votre tête ? Vous voyez comment cela se construit ?
Merci. C’est un beau compliment. J’aime la façon dont il gère la perspective, la manière dont il va du micro au macro. Oui, mon processus creative passe par la visualization et la description d’images qui sont dans ma tête, des rêves, ce genre de choses. L’imagination est déterminante là-dedans. C’est elle qui dessine les motifs de travail qui sont reproduits ensuite dans les chansons.
L’album évoque vos thèmes habituels : le fait d’entrer en relation ou pas avec quelqu’un, l’incommunicabilité. La chaleur humaine. L’amitié. Le fait d’aller au delà des apparences. Pourquoi est-ce que ces thèmes sont importants pour vous ?
Je ne sais pas vraiment pourquoi je reviens toujours à ces thèmes là ! Je suppose que c’est parce que ce sont les choses avec lesquelles je me bats et me débats souvent. Ce sont des aspects de la vie qui se prêtent bien à une exploration en continu et à des efforts sans cesse renouvelés.
La dernière chanson s’appelle Impermanence. C’est ma préférée. D’où vient cette chanson et que voulez vous dire par « impermanence » ? En quoi croyez vous de nos jours ? Est-ce que nous sommes condamnés à disparaître ou est-ce que les souvenirs ou la paternité ou d’autres moyens peuvent nous amener à perdurer, à approcher une forme de permanence (après la mort) ?
Le terme d’impermanence renvoie à cette idée bouddhiste selon laquelle le cœur de la réalité est dans un état de changement constant. J’essaie autant que possible d’éviter le mot de croyance mais dernièrement j’ai été amené à penser que tout ce qui compose et constitue la vie est temporaire ou par nature évanescent. Les souvenirs peuvent jouer un rôle dans une démarche qui consisterait à étirer le temps, à aider à maintenir en état ce qui n’existe plus matériellement mais cela renvoie à un questionnement qui est celui de la nature de la conscience. Est-ce une entité en soi, séparée des choses physiques ou simplement autre chose qui les abrite ? Si le souvenir survit à celui qui se souvient, est-ce que le souvenir peut survivre indéfiniment ou est-ce que parce qu’il a une durée de vie qui lui est propre ?
A quoi ressemble votre vie aujourd’hui ? Vous vivez toujours à Brooklyn ? Vous vivez à la campagne ?
J’ai déménagé pour une maison à quelques heures au Nord de New York City. Je passe pas mal de temps à l’extérieur. Je vais et je viens, dans mon studio à la maison, parce que j’ai de menus travaux domestiques à faire ou parce que je traîne avec des amis. Je reviens en ville après quelques semaines et j’ai aussi la tournée en cours. Je suis en mouvement constant en ce moment.
L’amitié et les relations humaines sont centrales dans vos chansons mais vous exprimez l’amour d’une façon très idéaliste voire incorporelle. Est-ce que cela renvoie à quelque chose de précis dans votre vie ?
Je trouve que les relations humaines, amoureuses ou non, sont compliquées et d’une certaine manière très difficiles. J’aime travailler à mieux les comprendre parce que cela m’aide à en construire d’autres qui sont plus durables ou solides.
Les critiques classent la musique en 2 catégories : les chansons tristes et les chansons sur lesquelles on peut danser ! Difficile de ranger Impermanence. Ce n’est pas vraiment mélancolique. Humain peut-être. Une musique qui élève l’âme. Comment vous qualifieriez ce type de musique ? Quel est son objectif ? Que pensez -vous qu’on ressente en écoutant ce disque ?
Mon ami a décrit l’album comme des « méditations à la guitare ». Je trouve que c’est assez juste. Si quelqu’un écoute l’album et a le sentiment ensuite d’avoir pu rassembler ses pensées, cela me convient.
Qu’est-ce que vous allez faire ensuite ?
Lorsque j’aurai fini de tourner avec le disque, je vais enchaîner sur mon prochain projet et puis ensuite reprendre des choses que j’avais laissées en plan.
Vous lisez en ce moment ? Vous écoutez de la musique ?
Je lis un livre qui s’apelle Seven Brief Lessons in Physics de Carlo Rovelli et aussi The Psychedelic Explorer’s Guide de James Fadiman. Et j’écoute Dorothy Ashby, Hailu Mergia et Patsy Cline.
Je me disais que peut-être il faudrait vous souhaiter un autre épisode maladif. Cela vous réussit.
Vous ne devriez souhaiter une telle chose à personne ! Mais merci quand même.
Peter Silberman : Songs about silence, life and experience
The Antlers’ main man Peter Silberman has delivered at the beginning of this year one of the most mysterious, precious and sophisticated Lp we’ve heard in ages. With his guitar, a few tricks, silences and a voice like no other, Silberman goes far beyond what he had ever tackled with The Antlers and reach new heights through buddhist content and stretching the notion of time. Nor rock or jazz, Impermanence is a new sort of music, sacred and mundane, spiritual and terrestrial, complex and simple. It is pure beauty and poetry made into music, concepts turned into notes. As the songs develop their motives, emotions flow and help you delve further into your own psyche.
A few centuries from here, this guy would have been convicted for witchcraft or (mis)use of magic. In 2017, he is just practising meditation for his own sake and our greatest pleasure. Times they are a changin. We are not sure yet. Maybe men are and we dont care. Impermanence is a LP you’ll probably listen til the end of your life if you dig it at first listen. It should be known before you step in.
You probably don’t remember but we’ve met once in Paris in march 2010. Probably during one of your first gigs there. It has been a long way since then. What are the 3 most important things which have happened to you those last 7 years ?
Seven years is a long time! So much life has happened since then. Learning to meditate was big stimulus for change, as was moving out of New York City. This whole thing with my hearing would most definitely rank up there as well.
At the time, Hospice was out for a few months and you were singing about that strange hospital experience. Though you were singing at the time about real things (mostly), the LP was definitely a spiritual experience. With Impermanence, you step further into transcendency and spiritual considerations. Has music ever been something else then philosophy and spiritual concerns into sound ?
I don’t think I’ve always written music with spiritual & philosophical intent, or at least I wasn’t conscious of that until the past few years. Now, looking back on my past work, I can see that that was a pretty constant thread throughout.
You’ve told the press and people Impermanence has been inspired by a strange disease you did get which deprived you for a few weeks of your hearing sense. Was it a temporary disorder? Was it caused by a virus ?
Most of the symptoms of the disorder were temporary, though some aspects of it have lingered in years since. At this point, it’s a condition that I manage on a daily basis, but thankfully it is much improved since its onset.
As a long-time Antlers fan (yes, there are now long time fans !), i’ve got a question of course i haven’t seen you answering yet. Impermanence is a solo album. Will there be another Antlers’ LP ? Is the band still active ?
The band isn’t active but we all remain active musicians. Another LP could happen someday.
When reading about the general context of this LP, i was a little worried about your sanity i must admit. Has he been turned into a new age sci-fi fanatics ? People are generally skeptical about meditation or spiritual experiences ? What is your relation to spirituality ? I remember a few years ago you were into Buddhist books and reading The Book of the Dead, things like this.
I think people are skeptical of meditation and spirituality because they’re allergic to the labels and the connotations- “new age” is a great example of legitimate sentiments becoming caricature. My current understanding of meditation is a dedicated period of time in a day where you sit with your thoughts and take stock of how you’re feeling. Spirituality is sometimes a mystical thing for me, and from those experiences I try to harness my creativity and express it, rather than explain it.
What is your current practice of meditation? Is it through reading, traveling, etc ? How do you conciliate with your daily ethics ?
Lately, I’ve been sitting for a few minutes when I wake up and another few minutes before bed. I try to think of the rest of my day as series of mindful practices, maintaining some kind of awareness and attention with whatever task is at hand. Meditation used to feel at odds with my daily life but the two are working pretty well together lately.
I got the impression hearing your music your move is more self-oriented (towards intimacy, the exploration of your inner-self and your way to connect to the others) than strictly religious. Am I wrong ? I guess you’ve been raised into a Jewish family. How do you conciliate your meditative experience with your (hypothetical) religious beliefs ?
I was raised in the Jewish context, but I don’t identify that way beyond culture and heritage, nor do I have religious beliefs, per se. My music’s not religious or strict, but I tend to include ideas from a number of spiritual traditions here and there. I think there are many beautiful intentions and mythologies to be found throughout the world’s religions. I think it’s useful to make reference to these things as signs pointing to something else.
Paradoxically (as i was expecting through the song titles and intentions an abstract LP), we have here songs which sounds both spiritual and terrestrial. We are on firm ground ! Someone who reaches clear-consciousness, re-opens his eyes and ears and sees the world as a new born. The sensation is really disturbing and fascinating when listening to the music. It is both very sophisticated and primitive. Very precious and at the same time simple as air. Was it something you wanted to reach ?
Yeah, I was hoping the record would be a hybrid of a grounded experience and a cosmic one. I think there’s a lot about being alive that is fairly mysterious, and reminders of that mystery tend to have a positive effect on my psyche. Integrating the worldly with the otherworldly helps me keep perspective.
Which is the part of instinct and the part of intellectual substance in your artistic process ? Is all that written on paper before you step into the studio ? Is it a spontaneous approach that gives you the melodies and lyrics ?
I think the intellectual component acts as a toolkit for me to express the more instinctual stuff. It provides me with a vocabulary to talk about experiences that I haven’t entirely figured out myself.
Was the process very different from when you play and compose with the Antlers ?
It was different in that I didn’t share the songs with anyone until they were nearly finished. With the Antlers, I’d share ideas in early stages and we’d carry them across the finish line together.
When did you get with this idea of a solo album ? Was it 2014/2015 when touring with Familiars maybe ? Was it a personal need to sign something on your own name ?
I’ve always had the idea of a solo album in the back of my mind, and have planned to do one when the time felt appropriate.
I’ve got the feeling lyrically and musically you still act as an entomologist here. The tempo is so slow. The lens is focused on such tiny things. It is remarkable and fascinating. Is it all about giving attention to details ? Considering things as they really are ?
I tend to work toward a balance of specific details and generalities. The goal is to support broad existential claims with examples.
Your music reminds me of Terrence Malick way of filming. It is beautiful but surrealistic as it is so packed with details it appears sometime unreal. Do you see images when you write and play music ? Do you imagine things and build up stuffs in your head ?
Thank you! I do love the way his work shifts in perspective from the micro to the macro. My process definitely involves describing images in my head, dreams, and so on. Imagination is a crucial part of this, designing a simulation of sorts.
The LP deals with your usual themes : connecting or not connecting. Incommunicability. Warmth. Friendship. Getting beyond the surface. Why are those themes important to you ?
I’m not entirely sure why I keep returning to these… my best guess is that they’re the things I struggle with often, aspects of being alive that encourage continued exploration and effort.
Last track is called Impermanence. It is my favorite one i must admit. Where does it come from ? What do you mean by « impermanence » ? What’s your belief today ? Are we due to disappear or can memories or fatherhood or whatever make us reach a sort of permanence state (after we are gone) ?
What I mean by “impermanence” is this Buddhist idea that a core component of reality is that it is in a state of constant change. I’m wary to use the word “belief”, but lately I’ve thought that most everything I can point to in life is temporary in some sense. Memories could play a role in elongating things that have materially passed, but that brings up the question of the nature of consciousness, whether it’s an entity in itself separate from the physical things that house it. If memory outlives the rememberer, does it live on indefinitely or have its own lifespan?
What is your life like today ? Do you still live in Brooklyn ? Are you exclusively urbane ? Or do you live at the country ?
I live a couple hours north of New York City. My life involves a lot of time spent outdoors, weaved in and out of working in my home studio and on domestic projects, hanging out with friends. I still visit the city every few weeks, and have been touring as well. I’m in fairly constant motion at the moment.
Friendship and human relations are central in your songs but you always carry a rather idealistic or incorporeal conception of love. Does it refer to something you experience in your own life ? I mean : considering the other as a « strange thing » who is, by definition, exterior to ourself, even when it is the loved one ?
I think human relationships are complicated and in some ways very difficult. I like to work to understand them better, it helps me build stronger ones.
Critics generally tend to classify music into 2 categories : sad songs and songs to dance to ! I can’t classify Impermanence. It is not even melancholic. It is just humane. Music which elevates the soul. What is the purpose of such music ? What would you like someone to feel when listening to your voice ?
My friend described the album to me as “guitar meditations”, which I think is pretty accurate. If somebody listens to it and afterwards feels as though they’ve spent some time gathering their thoughts, that’s good enough for me.
What will be your next move ?
Once touring on Impermanence slows down, I’ll begin working on my next project and follow through with a number of unfinished projects.
What do you read at the moment ? What kind of music do you listen to ?
Right now I’m reading “Seven Brief Lessons in Physics” by Carlo Rovelli and “The Psychedelic Explorer’s Guide” by James Fadiman. I’m listening to Dorothy Ashby, Hailu Mergia, and Patsy Cline.
Thanks for your time and art.
02. New York
03. Gone Beyond
04. Maya
05. Ahimsa
06. Impermanence