Trois jours après la sortie de son nouvel album Black Star, David Bowie a tiré sa révérence. La rumeur d’une maladie sévère avait hanté les médias et les sites de fans entre 2003 et 2013, période de son premier retour (surprise) discographique : on le disait à l’article de la mort, reclus, ayant perdu sa voix. La sortie à trois ans d’intervalle de ce premier album du retour et de cette Etoile Noire, dont le nom sera certainement jugé à rebours comme un présage de ce qui allait suivre, avait quelque peu éteint les rumeurs. En reprenant le chemin des studios, Bowie avait laissé penser qu’il viv(r)ait toujours, puisqu’il chant(er)ait et écriv(r)ait encore et encore. Absent médiatiquement pour accompagner cette sortie, invisible dans la presse, muet, mais omniprésent et globalement acclamé pour la sophistication classique et jazz de ce nouvel album, Bowie avait également renoncé à se produire sur scène. On sait désormais pourquoi.
Annoncée ce matin par son entourage, sa famille, la mort de David Bowie a pris tout le monde par surprise. Le chanteur, acteur, artiste complet, et grand homme de spectacle, s’est éteint à 69 ans des suites d’un cancer. On espère que l’événement sera traité au moins au niveau des hommages reçus par Lemmy Kilmister, la semaine précédente. On aimerait revoir quelques films, quelques vieux concerts. Les plus de cinquante/quarante ans savent que le Bowie d’excellence avait disparu depuis pas mal de temps. Des rumeurs (d’autres encore) couraient selon lesquelles il aurait été depuis belle lurette remplacé par un clone ou un extraterrestre digital. Le vrai Bowie avait choisi de vivre en 1972 pour l’éternité. Dans une autre vie, il serait revenu d’entre les morts pour compléter la trilogie Outside, initiée en 1995, et qui était selon nous son véritable testament musical. David Bowie y développait alors la vie de Nathan Adler, un détective spécialisé dans l’Art Crime, une division policière chargée de traquer les criminels mettant en scène des meurtres comme des oeuvres d’art. Si la mort de Bowie, dans un lit, n’est pas son plus gros coup, ainsi annoncée, avec sobriété et quelques jours après un album crépusculaire, elle résonne comme un happening aussi brillant que désolant.