Dress Code, premier album de François-Olivier Nolorgues sous le nom Frantic, résonne encore en nous (dix, douze ans depuis sa sortie). Précurseur du revival 80’s, érudit, dévoué mais intime, ce disque puisait dans un passé à l’époque vintage pour mieux parler des états d’âme du songwriter en chef. Que devenait pourtant François-Olivier ? Une étrange éclipse à la Matt Johnson que vient aujourd’hui conclure It, deuxième et délicat album de Frantic (chez Hot Puma Records). Toujours dans les fétiches de son adolescence, François-Olivier Nolorgues, au-delà de sa position mélomane, s’y expose de manière plus explicite. Sa discographie privilégiée renseigne sur son cœur d’homme. Ce que confirme la playlist qu’il nous offre ici. Une playlist très SBO(aucun hasard) puisque Marc Almond, Blue Nile, Morrissey, Dorian Gray, Bowie ou OMD racontent le parcours de Frantic. Respect.
Crédit Photo : © Jérôme Sevrette
The The – Lonely Planet
Parce que c’est la plus grande chanson de tous les temps pour moi, que tout y est dit et tout écrit, et parce que Matt Johnson revient cette année avec une tournée et un album, 15 ans après le dernier. Un peu comme moi d’ailleurs…. 12 ans !!! The The est le seul groupe à chanter l’air du temps que je connaisse et Matt aurait dû être embauché dans un gouvernement tellement il sent les choses en avance…
Bleachers – Don’t Take The Money
Bleachers c’est Jack Antonoff, ex Fun et songwriter de génie un peu maudit. Il vient de sortir un album de chansons d’une qualité mélodique rare où il fait la synthèse de tout ce qui se fait de mieux dans la pop américaine, et puis il chante avec le cœur, ce qui croyez-moi n’existe que trop rarement de nos jours… J’irai bien à Coachella juste pour lui…
The Last Shadow Puppets – The Bourne Identity
Là aussi je pense que tout est résumé en quelques minutes, on n’a pas tellement souligné le potentiel romantique d’Alex Turner mais je pense que c’est un génie d’une intelligence rare, bien plus fort mélodiquement que son pote Miles Kanes. Les Anglais sont doués pour ça et leurs disques sont bons de bout en bout. Cette chanson d’une tristesse infinie résume… la vie !
Dorian Gray – A Lonely Night
Parce que les perdants magnifiques écrivent les plus belles chansons du monde, Olivier Brion aurait pu être Morrissey et Brian Wilson et cette chanson de 1989 est le tube que Daho n’écrira plus… Ultime, unique, je n’ai jamais entendu rien de tel chez un groupe français…
The Blue Nile – Stay
Il y a une différence entre les Artistes et les chefs d’entreprises dans la musique, et la distinction est flagrante depuis toujours… Les Artistes produisent par fulgurance et pas souvent. Les communicants sortent un disque tous les trois ans suivi d’une tournée avec une régularité effrayante… Paul Buchanan, lui, est un artiste, un vrai, et ses chansons marquent à vie et défient le temps. C’est la marque des plus grands, ils sont vivants éternellement, je ne suis pas sûr que l’on se rappellera de Coco câline de Julien Doré au siècle prochain …
Spectrum – How You Satisfy me
On sait peu que Sonic Boom a réalisé un programme thérapeutique sonore pour des recherches médicales d’une grande avancée scientifique… Et cette chanson a ce pouvoir thérapeutique proche du chamanisme. Une connexion avec le divin en nous, comme un lien entre le ciel et la terre, une matérialisation de l’amour de soi … du soi …. Notre vrai potentiel mystique en quelque sorte est dans ce titre…
Prefab Sprout – God Watch Over You
On connait les tubes, on connait la carrière maudite de l’un des plus grands songwriters de tous les temps, mais personne ne connait ce disque de démos à peine sortie en France à 300 exemplaires chez 13 bis records… Tout y est beau et mélodiquement surréaliste. Paddy voulait en faire un album orchestral. Sa maison de disque de l’époque (EMI) n’en a jamais voulu… Il existe en CD 300 exemplaires à ma connaissance, et sur YouTube évidemment. Sublime !
George Michael – Waltz Away Dreaming
Je pense que c’est un des plus grands chanteurs de tous les temps, il avait une passion pour Michael McDonald, Blue Nile, Nick Drake et même T.Rex mais il n’en parlait jamais. Il y a 20 ans il s’est également mué six mois en folksinger ! Il existe même quelques titres totalement inédits de sa période folk qui prennent la poussière dans le studio de Toby Bourke, son petit copain de l’époque. En voici un extrait passé inaperçu…
David Bowie – Valentine’s Day
Dans la pub Vuitton déjà il lâchait l’affaire : on y voyait un lord anglais endimanché, étranger à lui-même, spectateur d’un monde qu’il ne comprenait plus. Et dans la pub Evian, je n’en parle même pas … Mais dans ce clip-là, il nous quitte définitivement, brandissant une guitare carrée atroce, sans mécanique, période Lou Reed sur la fin, même pas branchée, mimant la rythmique en playback, en chemise de lin Marks & Spencer froissée. Reste pourtant cette chanson sublime, ultime refrain d’un artiste dont on ne retiendra qu’une chose de lui : il était LA musique personnifiée !
Bryan Ferry – Johnny and Mary (Todd Terje mix)
Robert Palmer et Bryan Ferry réunis ici… J’ai toujours rêvé d’une collaboration entre eux deux. Lorsque j’ai chanté avec Robert Palmer pour la reprise de la même chanson en version plus folk en 1999, il me disait que l’Angleterre avait le chic pour aimer ses dandys mais que c’était la France qui les avait révélés dans les années 80 … Aujourd’hui j’ai du mal à savoir qui incarne le dandysme dans la pop musique…
Nitzer Ebb – Kick It
La musique industrielle et la pop indus ont engendré à mon sens trois groupes majeurs, peut-être quatre avec le Ministry du début : Depeche Mode, Nitzer Ebb et Nine Inch Nails. Flood avait produit ce titre et le groupe avait connu son apogée en 1995. C’est lourd, c’est dense, et les machines mélangées aux vrais instruments m’ont fortement inspiré pour It…
Marc Almond – Tears Run Rings
Marc Almond récemment honoré par le royaume d’Angleterre, je me suis repenché sur sa discographie ainsi que sur celle de Soft Cell, et je me suis aperçu qu’il avait trop produit mais qu’il avait surtout écrit des disques emblématiques générationnels anglais. The Stars We Are, Tennement Symphony (produit par Trevor Horn) et Non Stop Erotic Cabaret sont pour moi des influences majeures.
J’ai appris à chanter avec Marc Almond…
Orchestral Manoeuvres In The Dark – So in love
Totalement sous-estimé, ce groupe est, avec Erasure, de l’orfèvrerie pop mais la France boude leur immense créativité et leur sens de la mélodie, tout comme Duran Duran que je considère bien plus important encore dans le panthéon de mon cœur…
Morrissey – First Of The Gang To Die
Une chanson incroyable pour un artiste hors norme, le seul qui a su chanter le spleen comme personne. Avec les Smiths, et en solo, il est capable lorsqu’il ne se prend pas les pieds dans le tapis de chanter les complaintes du cœur et la solitude comme jamais… Il est aussi son pire ennemi et quand il se déteste, ses contorsions corporelles et ses chansons ressemblent à Hulk lorsqu’il se transforme. Mais quand il est inspiré et qu’il contacte sa vibration magique, aucun artiste ne lui arrive à la cheville… Son dernier disque n’est pas lui mais celui d’un homme qui a peur de mourir…