Ne cherchez plus : la révélation de l’année 2015, c’est eux.
Après un EP, Adjust To The Light, prometteur et déjà fichtrement alléchant, et le single digital Circus Life, les petits jeunes de Fufanu ont tout pour devenir nos nouvelles coqueluches. Un son, une posture, un look, une capacité à embraser une foule. D’ailleurs, alors que la réputation de Captain Fufanu, leur précédente incarnation en format duo, n’avait pas été bien au-delà de Reykjavik, Kaktus Einarsson et Gulli Einarsson s’affichent désormais aux côtés de Damon Albarn qui non seulement les a invité en première partie de son concert solo au Royal Albert Hall (la classe) mais aussi avec Blur à Hyde Park (la méga grande classe). Un fait d’arme suffisant pour lancer Fufanu dans la cour des (très) grands – et que plus d’un outsider doit jalouser.
On apprend aujourd’hui que le groupe a commencé dans un registre technoïde, ce qui ne manque pas de surprendre lorsque les trois références citées à l’envie à propos de leur musique sont Joy Division, The Fall et Bauhaus. Et il n’y aura pas grand monde à le démentir tant Fufanu se présente comme le digne rejeton de ces trois-là… Mais même si leur musique et l’identité visuelle affichée semblent reprendre certains codes et canons du genre, personne ne pourra crier un plagiat : les gamins avouent ne pas même connaître le répertoire de leurs ainés ! Et de toute façon, là où on pointe trop souvent chez d’autres une inspiration trop bien retranscrite pour être honnête et qu’en matière de revival, on n’est plus bien loin du point de non-retour, Few More Days To Go s’affranchit haut la main de ce pesant héritage.
Fufanu concilie à la fois une certaine fraicheur, voire même de la naïveté (et il en faut pour pouvoir avancer ainsi sans même se soucier de l’étiquette qu’on leur collera sur le front), et une assurance crâneuse qui nécessite maturité et maîtrise. Autant de qualités rares chez un groupe aussi jeune. Le chant de Kaktus dégage un charisme incroyable, plein de morgue et ses copains de jeu besognent sévère : guitares tournoyantes, batterie tout en fractures et contrepieds, basses qui ébranlent les fondations du post-punk. Et puis, il y à l’apport des sonorités électroniques qui rendent définitivement modernes le tout. Les dix morceaux ne souffrent d’aucun temps mort entre compositions directes et véloces (Circus Life ici revisité, l’introduction Now en forme de manifeste, Blinking qui ferait dessaouler Mark E. Smith, le régressif Your Collection ou encore Ballerina In The Rain qui donne un sacré coup de vieux à Interpol) et compositions rampantes menaçantes (notamment le malsain mais fascinant In The Light Of The Night ou encore le final Goodbye qui tutoie Spiritualized). Voilà qui fait beaucoup pour un premier album.
On conseille aux (nombreux) concurrents d’attendre un bon moment avant de revenir sur le même terrain, car on tient là un sacré champion.