Jour 1 du retour en grâce de Day One : album à venir

Day OneSorti hier au Japon, prévu pour novembre en Europe, le troisième album de Day One, Intellectual Property, est enfin sur de bons rails. L’album était sorti une première fois l’an dernier à travers le site de production musicale haut de gamme et d’abonnements Bowers & Wilkins, mais d’une manière confidentielle et réservée, de fait, aux seuls souscripteurs d’un abonnement annuel leurs donnant accès à toute une gamme de CD et musiques originales. Autant dire, un non sens pour ce que ce groupe jadis populaire comptait encore d’admirateurs.

Apparu en 1998 à Bristol, le groupe avait été l’une des premières signatures du label Melankolic porté par Massive Attack chez Virgin. Ordinary Man leur avait permis de décoller dans un registre mêlant trip-hop, slam et rock bonhomme. Le chant et les textes de Phelim Byrne (aucun lien) parlaient au creux de l’oreille d’un public, alors jeune, qui se familiarisait lentement avec le cross over entre les musiques électro/hip-hop et la pop/folk anglaise. Day One, sur un malentendu, avait pu un instant incarner quelque chose d’intéressant mais ne concrétisa pas. Le deuxième album du groupe, Probably Art (One Little Indian), arrivait sept ans plus tard, révélant un groupe moins pétillant et plus tourné vers l’art contemporain que sur la culture chav. Entre temps, The Streets était passé par là, remportant (avant Sleaford Mods) la mise sur le versant du métissage entre la culture ouvrière et la culture garage. Day One allait de galère en galère et ne parvenait plus pendant une dizaine d’années à signer le moindre morceau. Avec ce retour, c’est une certaine conception des musiques totales qui refait surface, modeste et accessible. Le chanteur et son comparse, Matthew Hardwidge, incarnent la classe moyenne inférieure dans toute sa splendeur, bonnet sur la tête, embonpoint et fringues à l’élégance douteuse compris. Sur scène, Day One dégageait, à l’image des Irlandais de Sack (célèbre un temps pour avoir assuré la 1ère partie de Morrissey), une joie communicative, évoquant dans leurs textes un quotidien où il était assez facile de se retrouver entre errances nocturnes, fêtes ravageuses et amours (le plus souvent) déçues. Day One, c’était la pop next door, une sorte de présidence normale avant l’heure appliquée aux canons trip-pop, Pulp sans le mauvais esprit de Jarvis Cocker et avec le sentimentalisme d’un Stephen Jones. Le titre mis en avant et enclippé pour présenter le nouvel album ne dit rien de plus et rien de moins que cela : Who Owns The Rain sonne comme une chanson manifeste, chaleureuse, humaniste et tendrement poétique. On a beau avoir pris 15 ans depuis, on se verrait bien aimer Day One comme à l’époque, avec mesure mais comme on aime des amis un peu lâches et revenus d’un long voyage. On les recevrait à la maison pour boire le thé et manger des cupcakes industriels, en essayant de voir qui d’entre eux ou nous a le plus changé. L’histoire du rock est un trou noir qui avale des gens pendant des décennies et les recrache comme si c’était hier.

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