Hater / Siesta
[Fire Records]

9 Note de l'auteur
9

Hater - SiestaDès les premières notes, dès ses débuts (You Tried, PNKSLM – 2016), Hater avait compris comment faire chavirer le cœur des hommes. Emmené par le chant étranglé et perforant de Caroline Landahl (qui de surcroît est jolie comme un ange), le groupe de Malmö est une sorte de fantasme pop, entre des guitares à la Johnny Marr et les mélodies vocales qu’affectionnaient The Concretes (pour paraphraser une formule bien trouvée par Norman Records), une alchimie parfaite entre la scène suédoise (The Cardigans ou The Wannadies) et les brumes britanniques (The Smiths donc, mais aussi une bonne moitié des catalogues Sarah Records et Postcard Records). Les références et influences sont donc écrasantes pour d’aussi frêles épaules. Mais ces jeunes gens n’en ont manifestement pas conscience. Ils se contentent de jouir dans l’insouciance, de se languir avec versatilité. Ils composent de divines pop-songs sans seulement prêter attention qu’ils ont le monde à leur pied et la lune à portée de main.

Finis les labels confidentiels, Hater roule en première classe : La Siesta parait pour le compte de Fire Records qui ne se trompe jamais au moment de miser sur le bon poulain (de Pulp ou Spacemen 3 dans les 80’s à Jane Weaver ou Death And Vanilla plus récemment). La blogosphère puis les « gros » médias s’affolent au-delà de la Mer Baltique et, à n’en pas douter, Hater a tout de la next-big-thing. Dans ces conditions, on tremble toujours au moment du deuxième album même s’il est affublé de l’une de plus belles pochettes vues depuis longtemps.

Mais les Suédois rassurent vite quant à leur faculté à mettre à vif leurs doutes, à magnifier leurs fêlures. Rien qu’à la lecture des titres, comme From The Bottom Of Your Heart ou I Wish I Gave You More Time Because I Love You (à écouter la main sur le cœur), on comprend qu’il s’agit d’une romance magnifique et impossible, de celles précieuses qui émaillent à jamais une vie alors qu’elles se finissent dans la désolation si tôt l’été terminé. Alors à moins de ne jamais avoir été amoureux de sa vie, It’s So Easy a des vertus euphorisantes avec ce refrain à hurler à tue-tête. Things To Keep Up With fait parcourir un grand frisson sur l’échine, entre le chant poignant et la ligne de basse ravageuse qui s’enlacent au fil d’une composition qui souffle le chaud et le froid, prodiguant caresses et gifles. Car avec Joakim Lindberg à la production, les compositions des Suédois prennent du nerf, du muscle. Ça chiale, ça minaude, mais ça colle aussi de sacrées torgnoles et quelques uppercuts au plexus. Des fois sur un même morceau comme Your Heard, Your Mind qui commence par un combat et s’éteint dans un susurre sur l’oreiller. Ou encore Closer avec sa ligne de basse énorme et des chœurs masculins qui ne se dévoilent pas forcément à la première écoute mais en disent long sur le mal-être. L’écriture s’est étoffée et complexifiée : le groupe s’éloigne souvent du schéma couplet-refrain pour mieux jouer sur la profondeur de champ / l’amplitude du chant. Quant aux parties musicales, volontiers généreuses et extensibles, elles aussi ont évolué. Plusieurs fois les guitares carillonnantes laissent place à un son rêche (Why It Works Out Fine, The Mornings). Mais comme l’album est long (presque une heure entière ce qui est rare dans ce registre), après s’être cabré et débattu, Hater oscille entre quiétude (All That Your Dreams Taught Me) et abattement (Seems So Hard). Enfin, l’attente suscite la ferveur de l’espoir d’une nouvelle rencontre jusqu’au prochain Weekend qui clôt le disque. A n’en pas douter, La Siesta est ce disque passionnel et passionnant qu’on espérait.

Tracklist
01. From The Bottom Of Your Heart
02. It’s So Easy
03. I Wish I Gave You More Time Because I Love You
04. Closer
05. Fall Off
06. I Sure Want To
07. Things To Keep Up With
08. Your Head Your Mind
09. Why It Works Out Fine
10. The Mornings
11. Cut Me Loose
12. All That Your Dreams Taught Me
13. Seems So Hard
14. Weekend
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