Alerte maximale ! Oubliez la guerre, les feux de forêt ou le prix des carburants. Les poppeux en PLS : Skep Wax, le label d’Amelia Fletcher et Rob Pursey de The Catenary Wires annonce ce vendredi la réédition à venir des 4 albums d’Heavenly ! C’est bien de l’histoire de la pop indépendante britannique dont il est question, la grande, la belle, celle qui fit tourner les têtes au tournant des années 80/90. Pop anorak, twee pop, cutie pop… peu importe. Il était alors simplement question de s’amuser entre jeunes gens bien élevés, souvent politiquement concernés dans une Grande-Bretagne meurtrie par les années Thatcher mais préférant aux slogans vindicatifs se vautrer dans un univers de mignonneries exacerbées fait de milliers de singles incroyables, de fanzines à peine lisibles, de badges par poignées, de tee-shirt collectors dans un univers graphique où une bande de manchots minimalistes allaient tout simplement devenir culte. De vrais punks au pays des bisounours.
Héritiers directs de Talulah Gosh, autre groupe mythique de cette première génération indie pop née au milieu des années 80, le guitariste Peter Momtchiloff, Amelia et son frère, le regretté Mathew Fletcher dont le suicide en 1996 mettra un terme au groupe, vont peu de temps après le split retrouver Rob Pursey et monter Heavenly qui va, en 2 singles en 1990 et 1 album sortis tout début 1991 sur le non moins mythique label Sarah Records se retrouver fer de lance d’un mouvement aussi underground que planétaire, autant raillé qu’adulé. C’est bien entendu par cet Heavenly Vs. Satan que Skep Wax entame sa série de rééditions vinyles. L’album, augmenté pour l’occasion des 4 titres des singles I Fell In Love Last Night et Our Love Is Heavenly a gardé toute la fraicheur de cette pop intemporelle où se croisent l’héritage de la sauvagerie punk façon Ramones (aller vite, frapper fort) et de l’insouciance 60’s où tous les garçons et les filles de [leur] âge… vous connaissez la chanson.
L’histoire n’étant qu’un éternel recommencement, les oreilles ré-habituées depuis quelques années à ces sonorités pop cristallines et étincelantes n’y verront que du feu. Les productions chiches sans fioritures électroniques étant probablement celles qui vieillissent le mieux, peu de chance de trouver les morceaux d’Heavenly trop datées. Il ne manque rien, ni les cavalcades rythmiques, ni les entrelacs de guitares, ni les voix…. angéliques, forcément et surtout pas ces chansons aux mélodies trop parfaites pour être terrestres. On saute toujours autant sur les plus Talulah-Goshesques It’s You ou le terrible Lemonade Boy et ses sifflements qui ne vous quittent plus de la journée, Shallow ou Don’t Be Fooled n’ont strictement aucune peine à faire se dresser les poils et Our Love Is Heavenly est toujours ce hit incompréhensiblement ignoré. Seuls manquent les bégaiements qui introduisaient le tout premier single I Fell In Love Last Night par lequel on découvrait le groupe un beau jour du printemps 1990 ; question d’époque probablement.
Aux plus anciens, ces rééditions rappelleront le fameux goût de la madeleine, celle qu’on a un temps arrêtée de manger, écœuré, avant d’y revenir parce qu’il n’y a franchement pas grand-chose de meilleur. Mais il faut espérer qu’elles ne s’adressent pas qu’à des collectionneurs cinquantenaires déjà possesseurs des éditions originales et qu’elles toucheront aussi un public plus jeune afin de faire vivre ce riche héritage que partagent des groupes comme Pale Spectres, Beach Youth ou The Wendy Darlings pour se limiter aux français.
Heavenly Vs Satan sortira le 11 novembre et le groupe se produira pour la première fois en 28 ans le 20 mai prochain à Londres.