Tout débute par une conversation entre le jeune et pétillant Jeremiah de 1983 et son lui-même du futur, un peu plus bedonnant, et portant le lourd fardeau des années.
Bienvenue dans le monde si particulier de Daniel Johnston, dans sa tête plus précisément. Enfin c’est Jeremiah qui le dit.
« Les gens se sont souvent demandé ce que Daniel avait dans la tête. Et bien voilà. » Et de s’auto-demander si du coup c’est un nouveau documentaire sur le monstre sacré texan d’adoption. Que nenni.
Nous voilà prévenus pour ce qui est du factuel. On l’est moins sur la charge émotionnelle qui nous attend.
Réalité? Fiction ? Un mélange des deux.
Alors qui croire ? Que croire ? Ce qu’on voit ? Ce qu’on entend ? Le croire lui, ce Daniel d’aujourd’hui ou le lui-même circa 1983 ? Peut-être pas, si vous connaissez un peu son histoire et sa carrière atypiques autant que chaotiques.
En tout cas, ce Hi, How Are You ? est une référence directe à un album du même nom (1983 justement), mais peut-être pas le plus emblématique, quoique, à moins que ce ne soit Rejected unknown (2001)… mais bon… les goûts, les couleurs…
Les goûts, les couleurs justement sont ce qui fait tout l’intérêt et le charme fragile du travail de Docteur Daniel et Mister Johnston…
Le parti pris du huis-clos est magistral, les détails, en gros gros très gros plan, en arrière plan, en plongée, en fish-eye, sont un vrai régal. Ajouté à une texture soignée et soyeuse de l’image… qui donne envie de toucher l’écran. Un beau moment de jouissance sonore et visuelle, on en arriverait presque à « palper » les odeurs de cigarette ou d’huile de vidange. On aurait envie de fouiller dans les étagères, de s’installer devant la TV-miroir d’une vie. Car on retrouve de-ci, de-là, cachés au fil des plans toute la fantasmagorie de Daniel: Casper, Captain America, un sous-marin jaune les enregistrements K7, Jeremiah en auto commentateur, et bien sûr « Laurie », son inaccessible égérie de toujours.
Tout y est pour produire une intimité douce et profonde pendant toute la durée de ce petit bout d’auto-fiction-biographique. A moins que ce ne soit un instantané de biographie semi-fictive? Il en ressort un moment passé/présent restitué/reconstitué du monstre sacré en face-à-face analytique/cathartique avec lui-même, sous microscope, le temps d’un quart d’heure. Mais quel quart d’heure !! Passé avec l’un des plus emblématiques personnage folk et pop que nombre de stars et anonymes vénèrent. (Kurt Cobain, Butthole Surfers, Sonic Youth, Jad Fair, …).
A commencer, de toute évidence, par Gabriel Sunday, auteur, réalisateur, acteur qui entre dans la peau de son sujet au propre, comme au figuré. Qui a pris d’énormes gants pour dépeindre le personnage, avec l’aide d’un kickstarter de folie.
Ce n’est donc pas The Devil and Daniel Johnston de Jeff Feuerzeig (2005), vrai documentaire, mais plutôt et pour autant, une belle tranche de vie et d’émotions.
Qu’est ce qui est vrai, d’époque, qu’est-ce qui ne l’est pas ? Qui chante ? Qui joue ? (Si on vous le disait ça gâcherait le plaisir, les goûts, les couleurs, encore, tout ça, tout ça)
Parce que Hey ! Who cares ? On est dans la tête de Daniel qui s’encourage lui-même, ce lui-même de 1983, et plaide pour ne pas sombrer dans la noirceur.
Mais sans ténèbres la lumière existe-t-elle ? Et ces deux phrases qui résument tant de choses :
Dont think twice about what’s in your head put it on paper.
You’re a writer, but you better write fast, ’cause your paper’s on fire.
Words by Joseph Delaney
Daniel Johnston as Himself
Soko as Dream Laurie
Gabriel Sunday as 1983 Daniel
Written by
Daniel Johnston
Gabriel Sunday
David Lee Miller
Produced by
Gabriel Sunday
Matthew Roznovak
Ben Spiegelman
Erica Sterne
Executive Producers
David Lee Miller
Daniel Johnston
Dick Johnston
Larry Janss
Lana Del Rey
Mac Miller
Barrie-James O’Neill