Il y a la mémoire et les petits arrangements que l’on s’autorise avec la véracité des faits. Ce disque renvoie en partie au processus d’éducation musicale en construction permanente autant qu’aux souvenirs et conséquences qui en découlèrent. Mais ré-écouter cet album aujourd’hui vient – quelque part ou en quelque sorte – valide rétrospectivement le génie d’un personnage, dont chacun jugera aujourd’hui de la qualité de la carrière qui s’ensuivit, mais qui sut, ou eut, la chance de s’entourer à l’époque de gens aux parcours tout aussi remarquables que le sien… Adrian Sherwood, Flood,… Une chose est sûre néanmoins : il y a toute la carrière de Trent Reznor dans ce premier opus de Nine Inch Nails dont le tracklisting flirte avec l’album concept, dont la perception globale et « dance-floor » ne serait pas la même avec un ordonnancement différent des titres, et qui de surcroît font passer des timings de 5 minutes pour de vulgaires formats radio de 3’30.
Pour ma part, la découverte de cet album intervient à l’époque du gigantesque Downward Spiral et cristallise un chapelet de rencontres et d’interactions musicales liées à mes activités radiophoniques compiègnoises. Il synthétise également une soif certaine de construction d’une culture musicale toute personnelle, indépendamment de l’instant « t » ou de la sacro-sainte « actualité/date de sortie » d’un disque. Il illustre de fait l’explosion de l’univers des possibles adhésion à des styles musicaux et à des artistes face à une certaine forme de responsabilité de prescripteur médiatique qui devrait pousser tout un chacun à explorer les discographies des artistes vers le haut et vers le bas et les remettre en contexte à l’instar d’un des choix de classement de sa discothèque d’un Rob « High Fidelity » Fleming…
La pop, le rock, la musique classique, le jazz, les musiques du monde ne sont pas des niches mais des univers entier aux multiples passerelles qui doivent pousser tout amoureux de la musique à faire de la curiosité et de l’ouverture d’esprit une habitude, un rituel, un trouble obsessionnel compulsif qui mériterait d’être plus contagieux pour éviter de tourner en boucle sur les sempiternels « classiques du genre ». On notera au passage les dernières liges de crédit de ce Pretty Hate Machine qui « remercient » entre autres Jane’s Addiction, Prince, Public Enemy et This Mortal Coil.