Roulette Memory #24 : Matthieu Malon présente Wishful Sinking de Rosa Mota

Matthieu Malon présente Wishful Sinking de Rosa MotaLa période est propice à toutes les occupations du corps et de l’esprit. Aussi, et parce que j’aime jouer, je ne résiste pas à reprendre temporairement la plume pour participer à la roulette memory. J’y ajoute d’ailleurs moi-même une contrainte supplémentaire et je tire au sort aux dés le numéro de la colonne cd, puis de l’étage du disque-surprise avant de laisser ma main attraper l’album dont il faudra parler.

Au milieu des quelques milliers de disques qui sont dans l’appartement, le hasard fait décidément bien les choses puisqu’il me permet de sortir un disque que je n’ai pas écouté depuis des années. J’ouvre le boitier et les premiers mots sur lesquels je tombe me remettent immédiatement dans le climat de 1995, année de sortie du disque : « all songs recorded by Robin Proper Sheppard ». Oui, le hasard fait une 2e fois bien les choses puisque le même Robin, compositeur et chanteur chez The God Machine, puis Sophia – parmi mes groupes préférés EVER – voit en ce moment l’actualité autour de la sortie de son prochain album quelque peu bouleversée. Ce nouvel album, Holding On / Letting Go c’est peu dire que je l’attends en 2020… (ndlr : sa sortie est repoussée au 27 aout prochain).

Rosa Mota, pour les sportifs, c’est une athlète portugaise qui fut célèbre dans les années 80 pour avoir notamment remporté le marathon olympique en 1988. Quelle drôle d’idée de donner ce nom à son groupe, mais ça sonne plutôt bien. Les 5 membres du groupe évoluent dans la sphère rock londonienne (où il semblent côtoyer les God Machine, le bassiste Jimmy Fernandez étant cité au dos du disque, qui sort quelques mois après son tragique décès).

Wishful Sinking (formidable jeu de mots) est le premier album du groupe (ils ont sorti quelques EPS depuis 1992) et je suis à nouveau frappé par l’ensemble très cohérent et qui ne sonne pas du tout comme un premier album; on sent déjà une forte maturité dans la composition, même si de nombreuses influences peuvent évidemment s’entendre ça et là : un étrange mélange le rock 70’s (les Floyd à quelques instants du disque, notamment sur Smack Scratch), le grunge à la mode en 95 (on entend un peu Sonic Youth sur Touched, Always with Wings et Stripped and Bleeding), le shoegaze (les sons de distorsion plaqués qui peuvent rappeler l’écurie Création, même si le son général lorgne davantage vers l’Amérique, comme des petits cousins de Drop Nineteens). On croit même Rosa Mota frères d’arme de nos français Les Thugs, à plusieurs reprises, les enchainements d’accords et les sons de lead guitars fuzz étant parfois très proches.

Et puis il y a ce chant hors du commun, ces deux voix masculine (Ian Bishop) et féminine (Julie Rumsey) qui se marient de façon si inattendue. Les harmonies entre les deux voix lorgnent même vers le baroque, loin du rock en tous cas, même si quelques cris du chanteur peuvent parfois rappeler les débuts de Reznor et son Nine Inch Nails.

La production est magnifique, près de l’os, précise sans être ostentatoire. On reconnait bien la patte du producteur, notamment sur les guitares.

Avec au final 13 titres, dont deux splendeurs que je n’avais pas oubliées (Unrequited Love Song et Little White Horse, les cuivres mon dieu les cuivres !!!), ce disque atypique se clôt tout aussi étrangement par un grand larsen qui s’étirera sur 23 plages du cd, chacune de 30 secondes précisément, puis 2 plages de 4 secondes silencieuses avant de s’arrêter.

Après cette écoute, j’essaie d’imaginer ce que devait donner un concert de Rosa Mota. Aucun doute, si je pouvais y assister ce soir, je foncerais… Je vais maintenant enquêter sur la toile pour savoir si les musiciens ont un projet musical actuellement.

Wishful Sinking est sorti en 1995 chez 13th Hour Recordings.

https://www.youtube.com/playlist?list=PLVgiHwjbmfYCqgk0XfrUQ_wiOwatAm0LQ

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