Si son nom n’a pas affolé la blogosphère pour le moment, les plus curieux et persévérants auront d’ores et déjà noté que James Elkington est crédité sur les disques de quelques artistes à qui on voue un attachant tout particulier (Laetitia Sadier en vacance de Stereolab, Brokeback, le passionnant side–project de Douglas McCombs de Tortoise et surtout nos chouchous Sophia). L’Américain officie dans l’ombre depuis un bon moment aux côtés de figures autrement plus médiatiques de la scène folk comme Wilco ou de son leader Jeff Tweedy, ainsi que le fameux Richard Thompson (Fairport Convention entre autres). Au vu du pedigree, inutile d’argumenter quant aux qualités de musicien de James Elkington.
Mais s’il est connu et reconnu comme un excellent guitariste, c’est aussi un talentueux compositeur. En atteste Nowhere Time, passionnant single qui annonce (et ouvre) son nouvel album Ever-Roving Eye, à paraître le 3 avril 2020 sur Paradise of Bachelors. En formation serrée, le quinqua transcende une forme de folk (celle de ses aînés britanniques) en y distillant une touche de musique plus expérimentale (l’influence de la scène de Chicago où il est basé depuis plus de vingt ans ?). Une guitare sèche, un kit de batterie réduit et une contrebasse sobre s’entrelacent pour créer un mantra hypnotique qui trouve son dénouement grâce à une guitare électrique et un jeu de voix doublée – dédoublée. Car oui, de surcroît, il a une voix de velours.
Si sur la longueur de l’album, James Elkington n’évite pas toujours l’écueil de l’exercice de style lettrée et d’une technicité infaillible, Ever-Roving Eye est une invitation au voyage et à l’évasion qui évoque Golden Sings That Have Been Sung (2016) de son compatriote Ryley Walker.