Neil Young édite ainsi un disque acoustique enregistré en 76, jamais publié, jamais mentionné (ou presque). Guère une première chez le loner, celui-ci disposant d’une ahurissante quantité de chansons et d’albums inédits – un flot d’archives que Neil, selon ses envies mais quoi qu’il arrive, finit toujours par offrir à ses fans.
Depuis quelques années maintenant, Neil Young dépoussière sa discographie, il ressort du grenier inédits comme reprises, titres fantômes et démos invisibles. Comme s’il cherchait à mettre de l’ordre dans un parcours pourtant exemplaire – certainement la plus belle carrière musicale de tous les temps. Un geste généreux essentiellement adressé à ses fidèles, aux bootleggers, à ceux qui ne peuvent exister une semaine sans écouter (pour la millième fois) Tonight’s the Night ou Everybody Knows This Is Nowhere – oui, c’est une confession personnelle.
Hitchhiker, ce soi-disant inédit, présente des titres acoustiques réenregistrés plus tard pour d’autres albums (dont la chanson éponyme, très rock sur Le Noise, le disque Daniel Lanois de Neil paru en 2010). Des titres qui, dans les versions connues, sonnaient pour la plupart déjà folk. Les changements sont donc très minimes entre les officiaux Pocahontas, Powderfinger ou Ride My Llama et ce qu’en propose cet enregistrement 76. Reste évidemment le plaisir d’entendre Hitchhiker à nue, loin du regard claustro de Lanois (excellent producteur, au demeurant). Pour le reste, et pour qui connaît son Neil Young jusqu’à la fièvre, troublante impression d’entendre un unplugged de chansons originellement unplugged. Il ne restait à enlever qu’un peu de vernis sur les ongles, guère plus…
Deux inédits, tout de même ! Hawaii et Give Me Strength font plaisir à entendre (découvrir du Neil Young extirpé du coffre aux trésors, voilà qui enjolive la journée) mais ne resteront pas dans les mémoires. Qu’importe : Hitchhiker est un cadeau de Neil Young adressé à son public, petite joie du moment, du vintage qui redonne des forces, une pause humaniste dans ce monde de merde.
Photo : Gary Burden.