Certains albums brillent par leur immédiateté, séduisant dans l’instant, dès le premier mouvement. D’autres nécessitent plus de temps pour s’installer et révéler leurs qualités. Ce n’est pas toujours une histoire de style, et d’ailleurs les compositions d’Old Mountain Station portent sur elles-mêmes toute la panoplie de la coolitude qui devrait emporter l’adhésion dès la première écoute. Et pourtant, malgré ce ton amical et ces sonorités avenantes pour qui aura connu les belles heures noisy-pop des années 90, il faut un certain temps pour vraiment apprécier Shapes comme il se doit.
Citant haut et fort les influences de Pavement, Grandaddy, Guided By Voices et Weezer à l’heure de leur premier album éponyme en 2013, les Français restent dans cette veine malgré le changement de la paire rythmique aux côtés de Thomas Richet (chant, guitare, clavier) et d’Alexandre Cassigneul (guitares et chœurs). D’ailleurs, Old Mountain Station a de nouveau fait appel à Kid Loco pour le mixage – lequel, cette fois-ci, s’est chargé lui-même de la production… et c’est peut-être là que le choix est le moins probant, car le parti pris de mettre la plupart des instruments sur un même plan nuit à la mise en relief du tout. C’est ce qui ne permet pas, de prime abord, d’identifier telle ou telle chanson comme un tube catchy alors que Hold On, par exemple, a tout d’une noisy-song bubblegum. Dès l’introductif morceau Shapes, les protégés de We Are Unique! Records ne cèdent pas à la facilité et il faut attendre plus de deux minutes avant que le chant n’entre en jeu – et le morceau s’achève avant d’exposer la conclusion. Plus loin, Come Back Again a s’inscrit dans la veine d’un vieux morceau de Pinback – mais sous anesthésie -, tandis que le céleste Circles rappelle les plus belles heures de Windmill (sans le chant de biquette, heureusement). On pense aussi de temps à autre à Tuung, en plus des vieilles gloires des 90’s précédemment évoquées. Après une bordée de tubes de poche mis en sourdine, le quatuor se montre plus mélancolique avec There Is No Such Thing A Forever transporté avec ferveur ou encore Wasted Hours qui colle un gros spleen batailleur avec un pont rythmique diabolique qui conduit à l’embrasement final.
Old Mountain Station, jusque dans cette coquetterie d’un autre temps qu’est le « ghost track » pour conclure un album qui se garde bien loin des tics et tocs du moment, poursuit son chemin avec la sincérité de ceux que seule la foi anime. Et aux cœurs purs, nous sommes prêts à accorder toute notre sympathie.
02. Hold On
03. High rises
04. Come back again
05. Middle
06. Crooked smiles
07. Circles
08. My eyes were heavy
09. There is no such thing as forever
10. Wasted hours