C’est ce qui s’appelle des seconds couteaux. N’avons-nous jamais croisé un fan hardcore de The Helio Sequence, prêt à se tatouer le nom du groupe sur l’épaule ou à prendre la route pour suivre leur tournée ? Non, c’est le genre de groupes qui ne suscitent pas de passion démesurée, qui n’exaltent pas les foules, que ne hantent pas les moments d’intimité. D’ailleurs peu de monde fait état de la carrière de ce duo depuis ses premiers pas en 2000. Pourtant Benjamin Weikel (croisé un temps chez Modest Mouse) et Brandon Summers sont déjà auteurs sous cette identité solaire de six albums et a très vite intégré le giron du bienfaisant label Sub Pop. Depuis, jamais The Helio Sequence ne se s’est égaré, jamais le groupe de Portland ne s’est compromis. Bien au contraire chacun de leurs albums fait étalage de progrès indéniable, d’une maîtrise croissante de leur art. Cet album auto-titré est ainsi indéniablement leur effort le plus accompli. Comme à l’accoutumée, les deux hommes ont assuré l’intégralité des tâches : compositions, interprétations, enregistrement, production et mixage, ils font tout par eux-mêmes. Et jamais un album de The Helio Sequence n’a aussi bien sonné, n’a autant fourmillé d’arrangements. Même si l’orchestration se résume à bien peu d’instruments (chant, guitare, batterie, claviers), les chansons fourmillent d’inventivité et font preuve la plupart du temps de belles dispositions à prendre la poudre d’escampette.
Entre le chant réverbéré de Brandon Summers et les incessants roulements de batterie de son compère, les compositions prennent des airs gentiment psychédéliques mais sans souffrir des oripeaux du genre. Red Shifting est par exemple pas bien éloigné de Grizzly Bear dans ce genre d’exercice. Ailleurs, Stoic Resemblance, la meilleure chanson du disque, est bien balancée avec une mélodie de chant ascendante qui se fait caramboler sans cesse. Le duo donne des ballades à la coule (Seven Hours) et se prend pour les cousins américains de feu-Doves (Deuces). La copie est propre, appliquée. On ne trouve à formuler aucun reproche probant à l’encontre de ce disque et pourtant, on le sait, après une paire d’écoutes, on finira par l’oublier parmi tant d’autres.
02. Stoic Resemblance
03. Red Shifting
04. Upward Mobility
05. Leave or Be Yours
06. Deuces
07. Inconsequential Ties
08. Seven Hours
09. Phantom Share
10. Never Going Back