Aloa Input / Mars etc.
[Morr Music / La Baleine]

Aloa Input - Mars etc. (Morr Music / La Baleine)Étrangement, le premier album d’Aloa Input est passé inaperçu sur la plupart des radars médiatiques. La faute à un épais brouillard au moment du lancement promotionnel ou à une fenêtre de tir peu clémente, toujours est-il que Anysome (Morr Music – 2013) n’avait pas permis de faire émerger le trio allemand parmi le foisonnement de nouveautés. C’est donc avec l’enthousiasme suscité par les « premières fois » que l’on découvre Mars Etc., un album qui a tout pour faire tourner la tête et procurer un peu d’ivresse insouciante au creux de la morosité hivernale. On embrasse donc à pleine bouche ces compositions charnues et sensuelles, avec l’excitation d’un jouvenceau qui aurait découvert l’émoi des sens avec le fantasmagorique Neon Golden de The Notwist. Aloha Input profite pleinement du chemin parcouru par ses glorieux aînés et peut se permettre même de faire fructifier cet héritage avec leur assentiment. En effet, une partie du mixage de Mars Etc. a été réalisée dans le studio de The Notwist et Cico Beck accompagne les frères Archer sur scène avec Ms. John Soda et… The Notwist. Alors, oui, indéniablement la musique que celui qui se fait appelé Joasihno (auteur d’un album sur Alien Transistor) enfante avec ses compagnons de jeu, Heiner Hendrix et Marcus Grassl, est pétrie de nombreuses références. Mais Mars Etc. n’est en rien un exercice de style ou une redite. Non, c’est tout simplement l’un des meilleurs albums entendus depuis des lustres, du genre de ceux qui séduisent dès la première écoute pour ses qualités mélodiques évidentes et finissent par devenir complètement addictifs pour sa richesse harmonique et son inventivité.

Dans ce carambolage stylistique, les guitares sautillantes donnent la réplique à un chant caoutchouteux, un fourmillement électronique met en lumières des arrangements soyeux, les rythmiques krautrock molestent des beats hip-hop, un groove boogie transcende une pop-song électronique. On notera plus d’une accointance avec le collectif Anticon et en particulier Jel comme sur le formidable titre d’ouverture Far Away Sun qui aurait pu paraître sur le premier album de 13 & God. On pense aussi au single The Negatives de Hood avec les mêmes Themselves le temps de Hold On, cette chanson baignée d’une mélancolie irradiée qui nous accompagne chaque jour depuis qu’on en a percé la structure sinueuse. Et la liste pourrait s’allonger tant cet album ne compte aucun point faible, les morceaux les plus calmes (la miraculeuse symphonie feutrée de 21st Century Tale ou The Door, qui rappelle étonnamment les chansons de Thomas Walter) succédant à des brûlots étourdissants (la machine à laver Oh Brother).

Du grand œuvre, du grand art pour faire pleurer le sourire aux lèvres, pour s’abandonner dans la jouissance, pour s’étourdir à force d’essayer de percer la recette de cette alchimie.

Tracklist
01. Far Away Sun
02. Perry
03. Vampire Song
04. Oh Brother
05. The Door
06. 21St Century Tale
07. Hold On
08. Blabla Theory
09. Krk Blues
10. Mad As Hell
11. Ruth The Communist

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