L’Angleterre, cette terre de losers magnifiques. Entre les cités ouvrières et la campagne du Yorkshire se cachent quelques musiciens qui ont érigé la mélancolie en étendard, développant une musique à la fois urbaine et intimement pastorale. Richard Vincent Adams est de cette race-là. Depuis plus de dix ans, et la fin des trop mésestimés Hood, il multiplie les collaborations (Great Panoptique Winter, Memory Drawings) et surtout il livre ses états d’âme sous le nom de The Declining Winter. Souvent, il privilégie la création d’ambiance pour distiller des sentiments confus, des impressions fugaces. Ses miniatures musicales sont ébauchées autour d’une mélodie flottante sur des field-recordings, traversées par son chant expiré. Mais l’homme est aussi capable de fulgurance pop comme cette hymne composé à l’occasion de la Coupe du Monde de Football en 2010 (Home Assembly Music – 2010). Une chanson de losers bien évidemment.
Après, encore une fois, une magistrale déconvenue pour le 11 de la Rose et moult projets musicaux plus tard, The Declining Winter renoue avec le sommet de la pop mélancolique dès l’introduction de son cinquième album. My World Divided, porté par une batterie bondissante (James Yates de The Pattern Theory) sur laquelle la mélodie se dérobe tandis que le motif circulaire de la guitare étourdit les sens ravira les fans de Hood période Cold House. Ah si seulement, le mixage et le mastering étaient un peu ambitieux, nul ne pourrait plus ignorer le talent de Richard Adams. Plus loin, les copains Chris Cole (alias Manyfingers), Martin J. Cummings (Northener) et comme souvent Joanne Ellis pour les chœurs, passent donner un coup de main pour donner de l’épaisseur à ces compositions douces-amères. Et cela faisait un bail qu’on n’avait pas entendu l’Anglais aussi enjoué. Dans ce contexte, Belmont Slope compte une bonne poignée de magnifiques chansons dont la puissance émotionnelle se dévoile au fil des écoutes grâce à ce jeu de guitare pincée et au chant lointain et traînant (une marque de fabrique du bonhomme). Ce qui distingue aussi cet album dans la discographie de The Declining Winter, c’est sa diversité, son intensité. Near Garden frétille au soleil quand Twilight Rating s’adonne à une électro moite, comme pouvait en faire Arab Strap. Pour une fois, Adams joue sur les contrastes, bien au-delà des nuances de gris habituelles, comme l’atteste l’enchaînement entre le long exercice électronique Still Harbour Hope (qui évoque l’ambiance de Rustic Houses Forlorn Valleys) et I Will Never Loose Your Heart, complètement acoustique et dépouillée (guitare sèche et voix). Avec une telle bande-son, la défaite ne manque ni de panache ni de sensibilité.
The Declining Winter – Later and Later Indeed
02. Break The Elder
03. Near Garden
04. Belmont Slope
05. Twilight Rating
06. Wincing Quietly
07. Later And Later Indeed
08. Still Harbour Hope
09. I Will Never Lose Your Heart
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