On sait reconnaître un bon titre quand on en croise un. Et assez souvent un bon groupe quand cela se présente. Les iAROSS sont un groupe rare et trop peu mis en avant. Il faut dire que, sauf erreur de notre part, ils n’ont pas pointé le bout du nez et du violoncelle depuis quatre ou cinq ans. Formés autour du chanteur et donc violoncelliste Nicolas Iarossi, les Iaross évoluent entre les genres avec une musicalité aiguë et une grande maîtrise technique.Le groupe a intégré pour ce disque le trompettiste Guillaume Gardey de Soos qui apporte de la texture et de la profondeur aux morceaux avec son jeu chaleureux. Les disques de iAROSS renvoient assez largement à la chanson française, à la world music, au rock parfois, mais aussi au jazz, sans vraiment émarger ailleurs qu’au comptoir de la liberté de créer.
En février 2025, le groupe revient avec un nouvel album (le 5ème si on ne fait pas erreur, en plus de 15 ans), Ce que nous sommes, qui a l’air de prendre pour thème la question des identités, des parcours individuels. Le « ce que nous sommes » renvoie évidemment à… « où l’on va » et « d’où l’on vient ». Ce qui semble être aussi le thème de ce magnifique Tangue, accompagné au chant par Adil Smaali, formidable chanteur d’origine marocaine et globe-trotter dans l’âme, évoluant lui-même au sein du groupe Aywa. Avec ce Tangue, c’est la Méditerranée qui nous parle bien sûr avec ses vagues, ses espoirs, ses migrants, ses tragédies. Tangue est un morceau formidable, envoûtant et tortueux, qui n’en dit pas trop mais se dresse devant nous comme on contemplerait l’immensité de l’océan depuis le haut d’une falaise. La musique est solide, cuivrée, ample et déterminée.
Ces derniers jours, le groupe a sorti un deuxième extrait, un peu moins original mais très agréable à l’écoute, Là Où Tout Brûle, qui évoque la dépendance aux écrans et les fake news. La surprise sur ce morceau est l’intervention du chanteur réunionnais Carlo De Sacco. On aime la façon dont iAROSS aborde le thème très présent actuellement avec subtilité et sans y aller frontalement dans la dénonciation et le contenu engagé. L’esquisse est complexe et toujours poétique et le clip suffisamment graphique et énigmatique pour faire échapper le tout au déjà entendu.
Ce que nous sommes devrait être l’un des disques français attendus de début 2025.
Photo presse : Delphine Chomel