On a beau dire, on a beau essayer, Violent Expression Of Desire, second album des bourguignons d’Ossayol sorti en tout début d’été est passé sous nos radars, comme tant d’autres avant et tant d’autres à venir. Pourtant, on avait tout simplement adoré le magnifique single Haunted Head sorti il y a 2 ans déjà au point qu’il n’était pas strictement impossible d’imaginer que cette barre, placée à une telle hauteur, serait compliquée à surpasser. La très belle vidéo de These Things, d’un noir et blanc léché et classieux, réalisée par le chanteur, guitariste et vidéaste du groupe Mickaël Pillisio est aujourd’hui l’occasion de remettre en lumière la claire-obscurité d’un album tout en contraste.
Ossayol, c’est d’abord ce line-up peu commun, un trio où le violoncelle est souvent préféré à la basse et où la voix devient un véritable quatrième instrument : rauque et sauvage, douce et tendre, puissante et lyrique, ses modulations colorent de bien des façons les morceaux de l’album dont l’apparent minimalisme instrumental n’entame en rien la capacité à créer des atmosphères variées à l’image de l’épique Euphoria. On pense parfois à Sigur Ros ou Mogwai (Pillars) sur les morceaux les plus atmosphérique, quand le temps se couvre petit à petit, laissant place à des atmosphères pesantes qui finissent par éclater en orages impétueux mais Ossayol sait aussi se jouer des ambiances plus légères et chaloupées comme sur l’enjoué Burn It All dont l’ambiance contraste sérieusement avec le titre ou sur le tout doux et final Posture, tout en délicatesse.
A l’image de sa vidéo, sombre et inquiétante à la découverte de lieux perdus mais aussi transpercée d’une lumière puissante, These Things est de ces morceaux sur lequel le groupe montre l’étendue de son savoir-faire, une carte de visite musicale où quand l’urbex devient aussi exploration musicale, on se laisse guider par ces cris plaintifs et ces déflagrations qui ne parviennent pas à perturber la quiétude de l’abandon.
Dans un paysage musical français quelque peu cloisonné où chaque prophète en son (petit) pays semble peiner à franchir les frontières de sa (grande) région et s’affranchir du parrainage des réseaux locaux, souhaitons à Ossayol de pouvoir rapidement partir traverser de nouveaux territoires pour faire découvrir sa musique qui, elle, n’hésite déjà pas à les explorer.