Dream Lover sonne le retour de Destroyer

DestroyerOn ne se méfie jamais assez des saxophones. Omniprésents sur le précédent album de Destroyer, Kaputt, on peut dire qu’ils gâchaient un peu la fête et venaient troubler le tête à tête lancé entre le chanteur profil bas et sa solitude. L’album lui-même ne savait plus où donner de la tête justement et avait laissé une impression étrange d’inachèvement et de déception (pour nous du moins). Même instrument, cette fois, mais un effet diamétralement opposé pour ce nouveau single, révélé il y a peu, et qui annonce un album pour le Canadien Dan Bejar. Poison Season est annoncé chez Merge/ Dead Oceans, comme le précédent (on se souvient que le type avait percé chez nous après son passage chez Talitres au début des années 2000), pour la fin du mois d’août. Il s’agira d’un double album qui devrait se signaler par son énergie, quand le précédent était plus intime.

DreamLover est une chanson de saxophone donc mais de bon saxophone (qui est comme le cholestérol présent sous ses deux états, bon ou mauvais, dans la musique pop). L’ami Bejar y ratiocine poétiquement sur l’amour idéal dans un savant mélange de vers cryptés et de voix nasillarde. Destroyer continue de nous faire penser à un mélange hipster de Bob Dylan (pour le jeu de guitares et la voix) et de Peter Perrett, le leader incandescent de The Only Ones, (… pour le jeu de guitares et la voix !). Ici, on tient une chanson habitée, incarnée, dense et virevoltante, pleine d’énergie et de chaleur. D’une certaine manière, on retrouve cette ambiance de fin de soirée d’un quadra essoufflé (Bejar a 42 ans) et cette envie de laisser filer le temps qu’on avait déjà pointée récemment chez Aidan Moffat et Bill Wells. Même intensité vocale, même propension à laisser traîner les dernières notes et même sensation, à la fois mélancolique et combative, que la vie a un terme et qu’on y va tout droit en regardant droit devant soi. Sur la foi de ce seul morceau (allez, peut-être un poil trop long), on place de grands espoirs dans cet album de la presque rentrée. Dans le contexte actuel, avec sa barbe ibère, ses chemises de bûcheron dandy sur le dad bod de circonstances, Destroyer a tout pour faire un bon coup et devenir le hipster que les femmes s’arrachent. On parie donc trois kopecks sur lui.

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