Le groupe de Daniel Lopatin (on n’écrira son nom qu’une seule fois pour des raisons que vous comprendrez, Oneohtrix Point Never) a sorti fin 2020 un nouvel album chez Warp qui est passé quelque peu inaperçu, bien que beaucoup plus accessible que les précédents. On n’est pas toujours fan des expérimentations soniques du New-Yorkais, figure de proue du mouvement glitch pop, mouvement cristallin installé entre l’ambient et le drone, qui travaille majoritairement à partir de synthés vintage (du moins chez OPN) mais ce disque mérite sans doute d’être redécouvert à l’occasion de la mise en avant d’un de ses morceaux.
D’aucuns trouveront que cela n’évoque rien et que c’est perdre son temps que de s’embarrasser d’aussi peu de sons et de notes. Le minimalisme de Lopatin offre pourtant de belles fulgurances et au fil de ses circonvolutions, de belles balades psychédéliques et oniriques.
Ce nouveau clip/single est à la fois anecdotique et presque sans qualités mais offre aussi en s’appuyant sur la voix iconique d’Elizabeth Fraser, une sorte de réflexion fragmentée, un songe sur l’univers passé des Cocteau Twins. Tales from The Trash Stratum est aussi vain que beau. C’est comme si Fraser en se réduisant à presque rien, se reflétait à l’infini dans son propre passé, répliquant sa voix en écho dans un miroir imaginaire. Certains seront émus aux larmes, d’autres renvoyés à leur propre amour du groupe disparu. La composition de OPN éveille des images de forêt, de nature, mais renvoie aussi à l’exploration d’un univers intérieur où les larmes et la rosée se mêlent.
Qu’est-ce que ce morceau a à dire ? On n’en sait à peu près rien. Il passe, fugace et fugitif, en déposant quelque part, l’ombre d’une sensation, la trace d’une trace, quelque chose qui ressemble à une émotion qui a refusé de passer au premier plan. Les Cocteau Twins avaient sans doute plus à donner que ce trop peu mais cette réplique tordue a son charme.