Les rêves de Laveda sont chargés d’étoiles

 Laveda - Dream. Sleep. Laveda fait partie de ces groupes qui montent et qui, en cette période où tout le monde s’est remis à The Cure, donnent un sens à la dream-pop, au shoegaze et à une certaine idée de l’adolescence. Duo d’Albany, à proximité de New-York, Laveda est mené par Ali Genevich et Jake Brooks, deux noms qu’on croirait fabriqués pour incarner un nouvel âge d’or des musiques new-yorkaises. Les deux jeunes musiciens ont l’attitude qui va bien. Leur apparence sur les photos rappelle des visages flous et juvéniles entrevus autrefois près de la Factory, des corps tendres mais tendus vers l’expression d’une liberté indomptable, prêts à se cramer les ailes comme on le faisait dans les années 70 dans le sillage de Television, du Velvet ou des Dolls.

Leur musique est habitée, traversée de fantômes, de rêves et d’espoirs. La voix d’Ali Genevich est plaintive mais aussi chargée d’érotisme, tandis que les effets de guitares s’embrouillent et s’élèvent comme une nuée ardente. La musique du groupe durant ses deux premières années d’existence était plus paisible, plus calme, presque insipide et anodine. Ce n’est qu’avec ce Sleep. Dream, single  qu’on identifie à peine que le groupe semble avoir trouvé sa voie étroite pour une musique délicatement harmonieuse et mélodique, transcendante et chargée d’émotion. Le texte est lui-même gentiment cafardeux. On imagine deux amants, illégitimes sans doute, qui parlent. L’un envisage de quitter sa vie d’avant et s’y refuse :

Meet me in the doorway
You’re calling my name
You said I shouldn’t run away
You told me not to be afraid
I notice in the mornings
I can feel them fading grey
Now I know I’m in another place
And I know I’ll never be the same

Séparation ? Romance ? Virée entre adolescents ou simple abstraction sentimentale ? Peu importe. L’impression laissée par l’ensemble vaut toujours mieux que le sens véritable. Lush. The Sundays. My Bloody Valentine. Il est possible que la musique du groupe ne vaille jamais bien que ça : cette séduction fugace et magique du premier single, des premiers pas de danse autorisés ensemble. Laveda travaille sur son premier album, couvé par des fées locales qui en ont fait leur nouvelle coqueluche.

A ce degré de plaisir, la suite n’est peut-être pas si importante qu’elle en a l’air. C’est l’apesanteur qui compte. Les 1001 façons de flotter et de construire le rêve. On peut peser 100 kilos comme Robert Smith et continuer de parler cette langue là. Passe ton bac d’abord et puis on verra.

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