L’exposition n’était pas de celles qui drainent des foules innombrables mais on ne crache jamais sur une (bonne) occasion de parler de l’un de nos groupes préférés. Le Point Éphémère a accueilli du 2 au 20 février une exposition modeste intitulée The Smiths Covers Exhibition, gratuite et agrémentée d’une conférence (qu’on a ratée) et qui avait pour objectif de « démontrer le virage musical effectué dans les années 80 grâce à un groupe hors du commun et de faire un point sur l’esthétique de l’image du groupe à travers la présentation de ses pochettes de disques ». Soit.
L’objectif était sans doute ambitieux pour les moyens dont disposaient les commissaires, professionnels ou amateurs, en charge de l’affaire mais l’exposition présentée dans la galerie rikiki qui tient lieu d’espace d’exposition adossé à la salle de spectacle parisienne valait tout simplement le petit coup d’oeil. On y trouvait rassemblées autour de quelques thématiques choisies (la France, James Dean, les années 60, etc) et de petits cartels commentaires précis et simples, des pochettes et photographies des singles, albums, affichettes et autres matériels promotionnels issus de la brève et éclatante carrière du groupe de Manchester le plus connu de la sphère indépendante. Les spécialistes de l’histoire du groupe (ils sont nombreux) n’auront pas appris grand chose mais l’installation, même assez primitive (des plastiques couvraient les pièces, parfois originales ou simples copies couleur, créant un méchant reflet sur l’intégralité des clichés….), pouvait donner une bonne idée de la force esthétique engagée par Morrissey (à l’origine de la totalité des choix de pochettes du groupe) à travers cette esthétique de la jaquette (aucun jeu de mots).
Le sujet étant l’un des mieux traités de la littérature rock indé, on ne prendra pas la peine ici de ramener sa science. Alain Delon, Jean Marais, Joe Dalessandro, Terrence Stamp et quelques autres étaient évidemment de sortie, collection de mâles remarquable(s) et de femmes aussi (Viv Nicholson sublime, Pat Phenix) ou, à ma connaissance, du seul transgenre impliqué là-dedans, Candy Darling, pour le single Sheila Take A Bow. On renverra négligemment vers ce panorama dressé en son temps par (quasi feu) le NME, très bien fait et qui regorge d’anecdotes.
L’exposition a été démontée depuis mais il serait bien qu’elle se balade un peu en région, histoire que chacun puisse profiter du panorama. Un bon exemple de ce qu’on aimerait voir plus souvent : l’éclairage pop à la portée (gratuite ici) de toutes les bourses et qui avec très peu de moyens peu avoir une vertu pédagogique et donner à voir des choses intéressantes. Avec ses défauts, une telle présentation vaut toutes les galeries internet du monde !
Photos (avec reflet ajouté) : Benjamin Berton.