Lady Bird, le premier film de l’actrice branchée Greta Gerwig, qui sort chez nous le 28 février, est une belle réussite. C’est un beau film sur l’adolescence, sur le désir d’émancipation et les filles de 17 ans. Sa patine est magnifique et il rend parfaitement compte de ce que signifie être une jeune femme à l’aube de sa vie au début des années 2000. D’un point de vue musical, le film est porté par une série de chansons remarquables qui vont de John Cale à Love en passant par l’emblématique Hand In My Pocket d’Alanis Morrissette. Mais c’est tout autant la bande originale composée par Jon Brion que le « disque des chansons » qui compte ici et rend justice à la poésie et à la justesse du film.
Fire Records et Lakeshore Records se chargent de sortir la chose en vinyle et en CD et on peut se ruer dessus avant même d’avoir vu le film. Jon Brion est un compositeur de musiques de film qui compte parmi les plus subtils. A la différence d’autres types plus connus, il ménage souvent ses effets, refuse d’abuser de la grosse caisse et place le piano au coeur de ses compositions, ce qui s’avère ici parfaitement adapté à l’intimisme du portrait. Sa BO repose ainsi sur un thème qu’on imagine composé à deux doigts (trois peut-être, mais on ne sait pas jouer de piano) qui illustre à merveille l’état d’esprit, la légèreté et l’inquiétude du personnage principal. Il y a dans ces quelques notes de piano qui montent et qui descendent et qui sont soumises à de petites variations tout au long des scènes tout un monde qui est contenu : les campus américains, les tenues, les broches que l’on place dans les cheveux. Tout un monde miniature : des joues roses, blanches et rebondies, aux petits seins qui pointent. Des déceptions, des renoncements. Il y a surtout des rêves portés en bandoulières et que des tapis de cordes volants élèvent ou écrabouillent au fil de l’intrigue. La bande originale de Lady Bird est empreinte de légèreté. Elle a un caractère presque primesautier qui agit en contrepoint à la mélancolie du film, une énergie qui évite les écueils un brin larmoyants et faciles d’une BO telle que celle (pourtant fort renommée) à la Virgin Suicide. Brion, comme il l’avait fait de manière tout aussi réussie avec Punch-Drunk Love ou Eternal Sunshine of The Spotless Mind, est le témoin et le chef d’orchestre parfait pour mettre en musique ces instants où le sort hésite entre fiction et réalité, entre espoir et adversité. Ceux qui suivent savent qu’il a travaillé un temps auprès d’Elliott Smith (et Kanye West!). En cela, il est sans doute le compositeur de musiques de film le plus adapté au cinéma indépendant, à sa manie (qu’on aime en bon bourgeois proche de ses sentiments) de couper les émotions en quatre. On sait que le compositeur et la réalisatrice ont passé beaucoup de temps ensemble et que les compositions qui figurent sur le disque ont été, avant d’être orchestrées dignement, arrêtées dans la spontanéité (c’est le cas du thème principal) et le confort d’une amitié naissante. Cela se sent ici. L’émotion est partout mais jamais gaspillée.
La bande originale de Lady Bird est réconfortante, chaleureuse et intelligente. Elle est à la hauteur du film qu’elle inspire et vice versa.
02. Sign Up (0:49)
03. Drive Home (0:42)
04. Lb / Danny (0:16)
05. Pick Up (0:31)
06. Lady Bird Kiss (1:45)
07. Rose Garden (1:42)
08. Lb Steals Math Grade Book (0:24)
09. Thanksgiving in Sacramento (0:51)
10. Coffee Shop (0:34)
11. Hope (0:49)
12. More Hope (1:41)
13. Consolation (1:18)
14. Hope Against Hope (1:09)
15. Model Homes (0:45)
16. Maybe (0:35)
17. Looking Forward (0:25)
18. Summer in Sacramento (1:18)
19. Packing Up (1:16)
20. Leaving (1:22)
21. Hope? (0:40)
22. Reconcile (1:24)
23. Lady Bird (5:10)