Sophia / As We Make Our Way (Unknown Harbours)
[Flower Shop Recordings / PIAS]

8.5 La note de l'auteur
8.5

Sophia – As We Make Our Way (Unknown Harbours) Dans le jargon, on appelle cela des « cellules dormantes ». L’image n’est peut-être pas bien choisie dans cette période mais elle s’applique assez bien aux fans de Robin Proper-Sheppard et de sa musique. Les types ont pris l’habitude de reprendre leur vie entre deux livraisons de Sophia. Ils travaillent, évoluent normalement dans le monde. Certains sont mariés et ont des enfants. Personne ne se doute de rien et il y en a même qui sont décrits comme des personnes heureuses par leurs voisins ou leurs collègues de bureau. Mais quand l’événement survient, ils tombent le masque ou ils le reprennent. La tristesse glisse comme un rideau sur leur visage et efface leur couverture. On raconte que certains passent des semaines entières à écouter le nouveau disque sans presque s’alimenter, ni boire. Ils ne parlent plus à grand monde et se rapprochent, dans la communion avec leur propre peine, de la vérité de leur existence. A intervalles réguliers, Robin Proper-Sheppard communique avec eux dans de longs mails où il leur donne des nouvelles. Des cérémonies concert, parfois dans de simples appartements, prolongent l’expérience.

English version below

Après une période de disette de sept ans, et la sortie du magnifique There Are No Goodbyes, Sophia est de retour. C’est la joie dans les foyers. Ou alors son contraire. Le disque sort le 15 mai officiellement mais on peut déjà le commander en ligne et le recevoir chez soi, comme cela se fait maintenant, par la poste ou dans un relais colis. Autant dire que beaucoup se sont déjà précipités. Un disque de Sophia qui sort au printemps, c’est comme si c’était le corbeau qui avait remplacé l’hirondelle pour annoncer la belle saison. Même si cette fois, celui qui faisait déjà passer Morrissey pour Patrick Sébastien, et c’est une petite révolution, a sensiblement éclairci son discours. On le redira mais As We Make Our Way n’est pas un disque triste ou désolé, c’est au contraire un disque d’éclaircie, où le désespoir laisse place à la simple tristesse d’être au monde et à l’étonnement. Dans l’univers de Robin Proper-Sheppard, le nouvel album donne l’impression qu’après une longue nuit, le chanteur rouvre les yeux sur le monde et est de nouveau surpris par la vivacité de ses mouvements. As We Make Our Way est un disque d’étonnement, d’émerveillement presque. Un disque d’homme surpris par ce qu’il reste de lui et des siens. Si la déception, la mélancolie et l’amertume sont encore là, et au cœur du sentiment d’exister, il se dégage de cet album une générosité incroyable et une envie de tisser des relations qui donne une profondeur et une humanité bouleversantes à cet ensemble de chansons. As We Make Our Way (Unknown Harbours) est un chef d’œuvre, varié et qui marque clairement un virage existentielle pour Sophia et son principal animateur. Cela mérite bien entendu un titre à titre.

1. Unknown Harbours : Alors qu’on attend depuis sept ans son retour, Robin Proper Sheppard choisit de différer sa prise de parole de 2 minutes encore pour démarrer par un instrumental. C’est en soi un signe d’une intelligence extrême. Lorsqu’on écoute le disque pour la première fois, la découverte de cet Unknown Harbours confrontée à notre excitation nous procure une émotion comme suspendue en apesanteur et merveilleuse. Les « ports inconnus » du titre se dessinent immédiatement sous l’effet de ces deux claviers ( ?) qui se tournent autour. Le navire entre dans la rade après un long voyage. C’est Ulysse qui revient ou un type de cette trempe. Le premier clavier répète deux accords classiques et qu’on a rencontrés jadis dans un cours de piano pour débutants, tandis que l’autre fait des ronds de jambes autour. Le disque ne parlera que de cela : la ronde des claviers humains. Vont-ils se croiser, s’ignorer, se rejoindre ou s’embrasser ?

2. Resisting : Premier titre mis en ligne pour représenter l’album, Resisting est enchaîné directement dans une sorte de bourdonnement emphatique depuis le premier morceau, fondu sur un martèlement de batteries. Il y a beaucoup de solennité dans cette entrée en matière comme si l’auteur voulait façonner un classique, marquer les esprits d’emblée. Il faut encore une bonne minute dans le titre avant que Proper Sheppard ne se mette à chanter. « We could have cried all day / And yeah some days i suppose we did. / I don’t know what we are always resisting and what we are even kicking against”. La thématique du combat et du redressement est servie d’emblée. Cet album est un album de têtes dressées et d’hommes debout. Au regard des attentats de Bruxelles de ces dernières semaines, où Proper-Sheppard a pris ses quartiers il y a de nombreuses années, c’est une belle chanson à la portée prophétique. On n’en saura pas plus sur cette résistance qui donne son sens à la vie humaine. Resisting est une chanson martiale et solennelle et la portée métaphysique. C’est une entrée en matière puissante et inspirée, déjà inattendue. Au lieu de l’homme abattu qu’on attendait, on se retrouve face à un guerrier blessé mais encore solide.

3. The Drifter : L’album se prolonge avec l’un des grands grands morceaux de cet album. La production est magnifique, à la fois très accessible, claire et en même temps passionnante. Les instruments sont travaillés à plat sans que l’un domine nettement l’autre. On a ainsi une vraie impression de démocratie musicale où la guitare, le clavier et la batterie prennent l’initiative tour à tour et concourent de manière équitable à structurer le morceau. Le tempo est ici ralenti à l’extrême autour du motif de guitare. La musique renvoie au titre et à cette idée de dérive. Il ne s’agit pas cette fois d’une dérive apitoyée ou désespérée mais plutôt d’une errance, d’un glissement vers le voyage, le départ, une autre lueur. La perspective est donc très différente de ce que chante Sophia d’ordinaire. Le texte est somptueux à l’image de ces premiers vers qui confinent au génie poétique : « She asked where have you been all my life ? I say where all the monsters hide ». N’importe qui aurait écrit « all this time » et « all my life ». Toute la différence tient dans cette substitution d’un mot pour un autre qui renforce l’ambiguïté sur la destinataire de l’adresse : parle-t-il à la Destinée, à une vraie femme qu’il a aimée et perdue ou tout simplement à la mort ? The Drifter nous époustoufle tout au long de ses 5 minutes, à la fois pour son côté « classique » et très Sophia et en même temps parce qu’elle est porteuse d’un vrai renouvellement.

4. Don’t Ask : Cette fois, on est vraiment dans l’éclaircie. La guitare joue des accords ouverts. La voix traîne dans la langueur et prolonge le dialogue démarré dans la chanson précédente avec une entité féminine non identifiée. Le texte est encore somptueux et poursuit l’exploration des thèmes abordés sur les deux premiers morceaux. « You said there is always something else. Just a little bit of all lies we live/ To Keep for ourselves/ But how many loves have we lost?, you ask… And We are all running from something” Robin Proper Sheppard est en mode didactique et philosophique. La solennité du début s’explique. On vient ici pour en savoir plus sur la vie et ses ressorts cachés et qui le resteront. As We Make Our Way est un grand disque existentialiste. On pourra trouver cela un peu démonstratif mais la légèreté de l’accompagnement amène un contrepoint salutaire au discours qui est très sérieux.

5. Blame : La lumière inonde progressivement l’album. A l’échelle de Sophia, on se situe dans un morceau assez pop. Le clavier est serein comme le type qui avoue ses erreurs et voit que la catastrophe est dépassée. C’est un morceau de renaissance, plein d’espoir. Un type écrit une lettre à quelqu’un pour s’excuser et l’inviter à reconstruire. L’accompagnement est répétitif, avec un roulement de batterie qui annonce subtilement l’envoi du message en même temps qu’il sonne le renouveau. C’est un morceau modeste, parfaitement placé en milieu d’album. La tracklist a sûrement été réfléchie avec soin, dans l’intention de produire cette impression d’un mouvement ascendant, d’une progression musicale et spirituelle. C’est extrêmement bien fait.

6. California : Selon la vieille règle du titre 6, c’est ici que l’album se joue et cela ne manque pas. C’est le titre américain, le tube caché et une vraie belle surprise. « Just pretend that we are in this together », chante Proper-Sheppard avant que la chanson ne bascule, à la seconde 47, vers une sorte de pop californienne œcuménique, séduisante et splendide. En évoquant la Californie, Sophia nous éblouit d’un coup. Le soleil nous tombe dessus et accompagne le mouvement d’élévation vers une forme d’humanisme compassionnel et, osons le gros mot, d’espérance. D’aucuns trouveront le message un brin gnangnan. S’il est pour le moins inattendu, il est énoncé superbement, avec beaucoup de sincérité et d’application dans l’intention. California est, si l’on parle musique pop, la plus belle chanson de l’album avec l’élégance de sa structure classique et sa simplicité.

7. St. Tropez/ The Hustle : Il n’y a pas de chef d’œuvre sans… caillou dans la botte. Pour nous, c’est ce titre qui a joué ce rôle-là au fil des écoutes. Celui dont on a eu le plus de mal à s’approcher et à comprendre le sens, même s’il y a toujours eu ce goût pour le riff rock n’roll qui tue chez Sophia. Le titre fait penser à un morceau de Ryan Adams, un peu lourd sur son riff. La voix est mixée en retrait comme au crachoir tandis que la pièce s’achève dans un tumulte d’effets spéciaux et d’écho. Difficile d’en dire vraiment du bien pour le moment.

8. You Say It’s Alright : Dans un registre très différent, encore un morceau qui surprend. Le titre s’appuie sur une structure répétitive et soulignée de sonorités électroniques. Cela rappelle vaguement les progressions harmoniques qu’on trouvait jadis chez Grandaddy, sauf qu’ici le décollage n’a jamais lieu. On reste prisonnier de la boucle qui accentue le sentiment d’angoisse et d’anxiété sur chaque passage, jusqu’à se refermer comme un nœud coulant autour de notre santé mentale. Le propos situe le chanteur au seuil de la folie ou du malaise et l’effet est particulièrement réussi. « You say it’s alright/ But it is not alright at all », répète-t-il en boucle. You Say It’s Alright est un morceau particulièrement bien construit avec une parfait adéquation entre les moyens (musicaux) et la finalité narrative.

9. Baby, Hold On : On revient en terre connue pour un double final somptueux. Baby, Hold On ouvre le bal en 6 minutes sublimes, délicates, intelligentes et littéralement envoûtantes. Le chanteur semble s’adresser à nouveau à la personne ou à l’entité dont on a déjà parlé. « Baby Hold On ‘cause I’m trying/ to get home ». L’adresse sonne comme une volonté de retourner vers le monde et vers la normalité. L’album est clairement celui d’une rédemption, d’une réintégration du monde des vivants, après des années de noirceur. La portée est quasi religieuse, sacrée en tout cas. On sent dans le chant tout le déchirement, toute la force qui est mobilisée pour s’arracher à la folie, à l’ailleurs, à l’attrait vénéneux de la solitude. La répétition du « I’m trying » sur lequel vient buter le chant rappelle la progression de Bill Callahan sur le fabuleux Too Many Birds de 2009. On tutoie les mêmes sommets, la même intensité contenue.

10. It’s Easy To Be Lonely : Ce titre révélé il y a une grosse année vient conclure l’album en beauté. Il se situe dans le droit fil des grandes chansons du groupe depuis Fixed Water (1996) ou The Infinite Circle (1998). On pense à When You’re Sad ou bien plus tard au monument The Sea. Le clavier fait un travail merveilleux autour de la deuxième minute. Le titre est à la fois mélodramatique et tourné vers une progression redoutable. Là encore, on perçoit cette volonté de s’arracher aux ténèbres qui irrigue l’album et sublime la plupart des chansons. Vers la fin, l’ensemble joue à l’unisson pour porter la conscience en triomphe. Le message est presque éclipsé par la progression instrumentale, rendant Sophia à son élément préféré : le silence, l’absence de mots. Le morceau est la conclusion parfaite d’un album puissant et imposant, ambitieux et maîtrisant pleinement chacun de ses effets.

On n’aime pas beaucoup jouer à ce jeu du « meilleur ou moins bon que celui d’avant » mais il y a dans cet album des signes de maturation (plus que de maturité) évidents, l’énoncé transparent d’un parcours de vie qui après s’être tourné vers soi-même (par la force des choses, presque) regarde à nouveau le monde en face. Comme dans ces films américains où le héros se relève après la raclée pour gagner la partie ou en reprendre plein la gueule, Robin Proper-Sheppard dépose à nos pieds son humanité triomphante et ce qu’il reste de lui.


In our language, we call that “sleeping cells”. We are not sure the image is appropriate these days of terror but the expression sticks perfectly well to Robin Proper-Sheppard and his music’s fans. Those guys are used to come back to their normal lives between LPs. Some have a steady job and a daily routine. Some are even married and have children. Nobody would question their ordinary lives. Some are even described as “happy people” by their neighbors and colleagues. But things change quickly when there is something happening on Sophia’s front. They let their masks down and their face is immediately transfigured by sadness, as they abandon their daily under cover existence. Some are said to listen to the new music for days. They stop eating as they try to get closer and closer to the very truth of their existence. They don’t talk either as there is hardly nobody they can share their thoughts with. From time to time, Robin Proper-Sheppard sends them an email to say hello.
After a seven year gap, and the wonderful There Are No Goodbyes LP, Sophia is back. Hooray ! There is joy in the neighbourhood. Or the exact contrary of joy. The LP is officially out on may 15th but pre-orders are being delivered just now. Well, a new Sophia LP at Spring Time means a swallow has probably been turned into a raven. Even though Sophia’s music and lyrical content are not as dark as they’re used to be this time. As We Make Our Way is nor a sad or desolate record. There is a clear thinning on Proper-Sheppard’s world. There could be hope at the end of the lane. After a long long night, the LP is about getting surprised by life, people and opening the eyes again. It is about wonder and astonishment for the world. Of course, there is still melancholy and infinite sadness, but we feel generosity and a sincere will to share and take part. This new position gives depth and an extra-humane sensitivity to this new LP, just as it turns it into an overwhelming collection of songs. As We Make Our Way (Unknow Harbours) is a chef d’oeuvre, and marks a new existential direction for the band. It, of course, deserves a track by track approach.

1. Unknown Harbours : After he has kept us waiting for 7 years, Robin Proper-Sheppard choses to delay his singing comeback for 2 more minutes. The LP starts with this stunning instrumental piece and that’s very intelligent of him. As you listen to the record for the first time, you are overwhelmed by emotion when you hear this subtle dialog between what seems two pianos or keyboards (probably two hands playing the same instrument). We mentally see those unknown harbours of the title and get ready for the travel from nowhere to home. Ulysses is back. That’s where we are. First instrument/hand is steady fixed on two constant musical chords as the second one turns around. Are they going to ignore themselves, to join forces or even kiss? Keyboards are like human beings, ready to waltz and assemble when allowed to. This is the story of As We Make Our Way.

2. Resisting : It is the first title Sophia has revealed to introduce the new LP. It starts in a very solemn way, with a great drumming assault emerging from chaos, and it needs another minute before Robin Proper-Sheppard starts singing. « We could have cried all day/ And yeah some days i suppose we did./ I don’t know what we are always resisting and what we are even kicking against”. He introduces one of the main themes here which is his personal vision of fighting for survival, what keeps us running through pain and turmoil. Considering what happened a few weeks ago in Brussels, where Proper-Sheppard has spent a good part of those last years, the idea of keeping heads up and high profile is kind of prophetic. The enemy we fight is mostly metaphysical here but it doesn’t matter that much. This song is a powerful and inspired entrée en matière. People who expected a man who is bent by the burden of existence find a physically diminished warrior as solid as a rock.

3. The Drifter : Here comes one of the great great songs of the lot. Production work is ace. All instruments evolve on the same level creating what could be called a democratic dialog between guitars, drums and keyboards. Each one alternatively takes the lead and gives the song a remarkable sense of equilibrium. The tempo is slow and relies on a gentle guitar pattern. The melody suggests the drifting process of the title. It is not an anxious or desperate drift but something like a dreamlike passage or a baudelairian invitation au voyage. Perspective is completely different from Sophia’s past songs. Lyrics are close to perfection. « She asked where have you been all my life ? I say where all the monsters hide ». Most writers would have written « all this time » and not « all my life ». Genius consists in the ability to turn a single word into another. It is sometime as simple as this. And it brings here a total ambiguity about who the singer sings to: is it Destiny, a real girl he has loved then lost or is it Death itself? The Drifter is a stunning song, with a classical structure and a very Sophia(n) mood but it also carries a Renaissance effect we will meet again afterwards.

4. Don’t Ask : This time, it is clearly Sophia in light musical and confessional mode. Guitar uses opened tunings. Sun is rising. Voice lingers and keeps on talking with this strange feminine entity we’ve met before. Lyrics are impressive again : « You said there is always something else. Just a little bit of all lies we live/ To Keep for ourselves/ But how many loves have we lost?, you ask…. And We are all running from something” Robin Proper-Sheppard sings like a peace preacher sometime. He is the man on the hill, professing wisdom and philosophical duties. It explains why we take this music so seriously, like we did with Joy Division or a few others. We come here to know something new about our lives. As We Make Our Way is an existentialist record. Some may find this one too demonstrative but it is not and that’s why the musical arrangements are so light. It is only a man singing and whispering at another man’s ear. Small scale metaphysics means greater effects.

5. Blame : There is progressively light all over the place. Considering Sophia’s usual standards, this is a pop song again. Keyboard is so serene, just like the guy who admits his numerous mistakes but keeps faith in his ability to overcome the disaster and to be forgiven. This song is about revival, about hope and doing it all again. The song is full of modesty. It is just the middle of the LP. Things are changing for the best. We have redemption here. We have warmth and it really starts to get comfortable. Tracklist was probably thought with a lot of attention to sketch this ascending movement towards light and relief. The renaissance is both musical and spiritual. And it is remarkably well done.

6. California : If we stick to track 6 golden rule, this is money time. And Sophia makes us very rich men. We get the American supertitle, the hidden hit wonder and a really big pop surprise. Proper-Sheppard sings « Just pretend that we are in this together ». From second 47, sun bathes everything. It is ecumenical, charming, splendid, glittering Californian pop. We keep going up, ascending through and towards a sort of rewarding humane compassion which, if we dare say the word, is full of hope and expectations. Some will find this a bit sloppy and naive but it is not at all. There is sincerity and a lot of application here. California could well be the LP best pop song, the most beautiful and elegant one with its classical structure and simplicity.

7. St Tropez/ The Hustle : There is no masterpiece without a weaker song. It has always been like this. For us, this song is the one which has disturbed us all along. It took us a thousand listens not to understand what it was really about. There has always been a taste for the good- old-killing-rock n’roll-riff in Sophia’s music. This one is like a Ryan Adams’ song. It has a heavy riff and a heavy heavy everything, echoes and stuffs. It’s threatening and full of thunder but it doesn’t work that much for us. Voice sings from behind the mix, like it spits and shows its muscles. It is full of echoes and special effects. It is still hard to say something good or intelligent about it and we are probably wrong. So we skip.

8. You Say It’s Alright : On a very different mode, this is again a very surprising track. It relies on a very repetitive structure underlined by synth noises. It sounds a bit like the harmonic crescendos Grandaddy used in the past, except there is no taking off here. We stay trapped in the loop which progressively brings anxiety and a quiet oppressive feeling of losing control. The loop is tight and comes close to our neck when the guitar and drumming are coming in. Sophia’s musicians are doing well all over. It is a tight unit which sounds full of discipline and art. They are precise, very professional and always resist the temptation of doing too much. Sophia uses a choir to reinforce the coming confusion. “You say it’s alright/ But it is not alright at all”, the singer repeats. That’s so tragic. Our sanity is slowly gone with the wind. You Say It’s Alright is a particularly impressive track, on which the coincidence between musical means and narrative intentions is full.

9. Baby, Hold On : Back to usual business or already explored ground for the last two monumental tracks. Baby, hold on is just 6 minutes of pure beauty. The song is delicate, sublime, intelligent and mesmerizing. This is Sophia at his best. Proper-Sheppard still talks with this girl/entity we’ve already talked about. « Baby Hold On ‘cause I’m trying/ to come home ». The address sounds like he is willing to come back to mundane existence and normality. The LP as a whole is clearly a kind of redemption or a rebirth attempt. After years of darkness, he comes back in the circle. It is done in a beautiful way, with a religious or at least sacred atmosphere. The singing is heart-breaking. We feel all the strength you need to take part and belong again to the human race. You need strength to leave madness, venomous solitude and wastelands. As he stumbles on “I’m trying” twice, it reminds Bill Callahan’s singing efforts on the amazing Too Many Birds (2009). A song can’t be much better than that. There is so much restrained intensity here, so much serendipity. We could easily stay there forever.

10. It’s Easy To Be Lonely : This is a track Robin Proper-Sheppard offered something like 18 months ago to say he was still… alive, and it makes a wonderful conclusion to the LP. It’s Easy To Be Lonely has immediately entered Sophia’s pantheon of big epic songs we could find plenty of on Fixed Water or The Infinite Circle for example. We think about When You’re Sad or, later on,  the extraordinary The Sea. Piano is impressive when the song turns minute 2. The track is melodramatic with an irresistible crescendo. Then again, you feel the need to come towards the light and fight any dark attraction which irrigates and lights up the whole album. The lyrical message is nevertheless second to the instrumental progression. All instruments play together in unison to celebrate the triumph of full-consciousness which comes at the end. Last minute is just sound, as they are no words left to sustain the height we’ve reached. See The Divine Comedy on that one (not Neil Hannon’s band, thank you!). It’s Easy To Be Lonely is the perfect powerful conclusion to a LP which is full of grace and ambition but also a philosophical magistery and great lesson of songwriting and craft.

We don’t like playing the « this one is better than the last one » game but we have multiple signs here of maturation (not maturity). As We Make Our Way is the frank and sincere evocation of a single life path through which somebody quits self-examination to look the world in the eyes. It is like in those American movies, when the hero is back on his legs after he has been beaten hard by some bad guy or misfortune. He is standing again and we trust it hard. Standing to win the game or get ready for another blow. It seems like Robin Proper-Sheppard offers us his triumphant humanity and what’s left of himself in the form of a LP. It is one of the nicest musical presents we’ve received this year.

Tracklist
01. Unknown harbours
02. Resisting
03. The Drifter
04. Don’t Ask
05. Blame
06. California
07. St Tropez/ The Hustler
08. You Say It’s Alright
09. Baby, Hold On
10. It’s Easy To Be Lonely
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