Lou Barlow / Brace The Wave
[Domino]

Lou Barlow - Brace The WaveFranck Black sans les Pixies, Mark Malkmus sans Pavement, Mark Kozelek sans Red House Painters, Mark Gardener sans Ride, Aidan Moffat ou Malcolm Middleton sans Arab Strap… Avouons-le sans ambages : sans le passé auréolé de ces héros d’un autre temps, il y aurait eu peu de chance qu’on s’intéresse aujourd’hui outre mesure à leurs disques solos, et quasiment aucune probabilité pour que des années plus tard, certains de leurs disques aient encore le droit de citer dans nos discothèques. Fichue nostalgie. Certes, des exceptions existent comme Vauxhall And I du seul Morrissey, qui peut rivaliser avec la plupart des œuvres de The Smiths, ou encore l’unique album de Mark Hollis en dehors de Talk Talk.

Et puis, certains disques signés par un Lou Barlow en vacances de Sebadoh, sous son propre nom, derrière le pseudo Sentridoh ou encore avec John Davis dans The Folk Implosion. D’ailleurs la dernière apparition solo de l’Américain, Goodnight Unknow (2009) tenait la dragée haute à Defend Yourself (2013), l’album de Sebadoh qui mettait un terme à quatorze années de silence et qu’on avait acheté par fidélité mais poliment rangé dans les étagères avec aucune envie de le réécouter.

Étant donné le nombre incalculable d’écoutes provoqué par ce disque hautement addictif, Brace The Wave semble promis à faire partie de la liste des quelques chefs-d’œuvre qui illuminent la discographie de ce type à l’éternel look d’étudiant cool. Dès les premières notes de Redeemed qui ouvre ce trop court disque, on reconnaît toutes les qualités de mélodiste de Barlow. Cette faculté à bâtir des mélodies foudroyantes, quelques en soient l’interprétation. Ici, c’est d’ailleurs le service minimum puisque la plupart du temps il y a juste le chant caoutchouteux et une guitare électro-acoustique. Et Dieu soit loué, même si on avait un peu peur de voir Justin Pizzoferrato (qui a souvent participé aux albums de Dinosaur Jr. avec Lou) derrière la table d’enregistrement, celui-ci a eu la sagesse de rester très discret. La production est même parfaite, dégageant une sensation de proximité qui sied très bien à ces chansons aux atours simples – mais ô combien lumineuses. Sans le bourru Jason Loewenstein qui l’accompagne dans Sebadoh (mais à qui on doit l’insurpassable chanson Not Too Amused), Barlow parvient en neuf chansons à évoquer ses joies et ses déceptions, à souffler l’optimisme (la mélodie sautillante de Wave qui colle aux oreilles) et l’abattement (Pulse, sur le ton de la confidence), à instaurer une incroyable tension (Nerve ou encore le bourdonnement menaçant de Boundaries) et à faire preuve d’une douceur touchante (Repeat).

Songwriting de haute vol, justesse du ton et d’interprétation : Lou Barlow vient peut-être de signer l’un de ces disques qui passeront à la postérité, aux côtés de Bubble & Scrapes et Bakesale (Sebadoh – 1993 et 1994) et One Part Lullaby (The Folk Implosion – 1999).

Tracklist
01. Redeemed
02. Nerve
03. Moving
04. Pulse
05. Wave
06. Lazy
07. Boundaries
08. C + E
09. Repeat
Lou Barlow - Brace The Wave

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