Manikineter / Copper Fields [Solium Records]

Le noise rap a toujours ce côté déroutant qui demande de l’attention auditive et un peu de background pour savoir l’apprécier comme il se doit. Clairement Manikineter hausse le niveau pour prendre la direction des profondeurs du style, sans l’intervention de David, avec son projet Copper Fields.

Actif depuis le début des années 2000 sous le nom de Carl Kavorkian, il ne cesse depuis de creuser un sillon Alt-hiphop plein de noirceur avec une honnêteté sans pareil. Bercer largement (pour sûr) par la scène indie rap de la fin 90s début 2000 (Dälek, Techno Animal, Def Jux…), il a su l’assimiler, la digérer et grandir à ses côtés pour créer deux univers singuliers avec ses deux alias Carl Kavorkian (proche d’un Aesop Rock ou d’Uncommon Nasa) et Manikineter.

Au cœur de ce long format sous le blase de Manikineter, le malsain est omniprésent du début à la fin. Les riffs de guitares (ou synthé) distordus génèrent une oppression constante qui dérive vers le dérangeant. Les voix sont étouffées, déformées et s’apparentent à des scansions saturées. Cependant, cette face industrielle post-apocalyptique sublime les moments plus paisibles (si on peut dire) pour révéler des qualités indéniables d’orchestration et de flow saillant. En outre, il faut se l’avouer le tout relève du bestial et range les scénaristes Ryan Murphy et Brad Falchuk au rayon des majorettes et de l’histoire ancienne américaine. C’est pourquoi Copper Fields est digne d’une bande originale glauque et suintante des bas-fonds de Philadephie où la cagoule en cuir est tout aussi obligatoire que le masque dans un monde où un virus aéroporté sévirait.

Petite cerise sur le gâteau pour conclure, Copper Fields est disponible sur le label associatif français Solium Records au format cassette, objet qui rend d’autant plus précieux cet album de Manikineter. Pièce qui fera à coup sûr le bonheur des amateurs de noise rap.

Copper Fields by Manikineter