Rogue Monsters, l’album à venir d’Al’Tarba et Senbeï, est l’équivalent hip-hop d’une rencontre entre King Kong et Godzilla, deux monstres (et créateurs de monstres) de série A (et non Z) qui s’affrontent à coups de bang bang, d’onomatopées de comics, de beats qui tuent et de décharges électroniques. C’est le combat des chefs, la rencontre des films de la Hammer et du Kaïju, du Horrocore, de l’abstract et de l’electronica, d’un monde pétri de références pop punk et d’une sophistication tournée vers l’Asie et la délicatesse.
Car, contrairement aux apparences, les deux beatmakers-phare du label Banzaï Lab ne sont pas là que pour taper très fort et en mettre plein la vue. Les deux hommes, qui ont largement partagé la scène ces dernières années, sont tout sauf des mastodontes de la basse et de grossiers arrangeurs de sons. Senbeï, qui oeuvre aussi au sein de Smokey Joe and The Kid, est un passionné de culture asiatique et évolue dans un environnement électro où les samples et les notes de synthé s’assemblent comme on ferait de la dentelle. Al’Tarba évolue en Janus magnifique autour de ses deux pôles d’attraction que sont un hip-hop agressif et rentre-dedans (avec la Droogz Brigade notamment) ou les ambiances à la limite du fantastique plus cinématographiques et dark que la nuit elle-même.
Rogue Monsters qui déboule le 8 février 2019 est un album qui devrait se situer à la croisée de deux univers qui se complètent autant qu’ils s’opposent et se ressemblent. Le premier morceau tiré de cette collaboration, More Pressure, ne raconte pas autre chose. Il faut s’attendre à recevoir quelques coups et à être surpris. La couverture, belle comme un dessin de Steve Bissette, suggère un affrontement titanesque que cette mise en bouche de 2 minutes et quelques ne fait qu’esquisser. Rendez-vous est pris pour l’un des moments forts de l’année à venir. Pour les amateurs, l’album est en précommande déjà sur le site du label.