Midnight Oil avait signé après 18 années d’absence un nouvel album en 2020, The Makarrata Project, disque un peu particulier car enregistré en collaboration avec des chanteurs et artistes aborigènes. Acclamé en Australie, le disque n’avait pas vraiment passé les frontières, ce qui ne devrait pas être le cas de ce treizième album studio, Resist, qui sort ce vendredi et que lance en fanfare ce single éponyme.
Entre référence à leur propre ligne de vie (cette continuité dans l’engagement humaniste et écologique qui transparaît dans le montage impeccable du clip et le recours aux images d’archives) et espoir renouvelé en notre capacité à infléchir notre destinée (lugubre), le groupe de Peter Garrett renoue avec son engagement et cette capacité à mobiliser son public pour une cause. Resist est un album et un single qui porte bien son nom. La situation n’est pas bonne, voire désastreuse, le groupe ne le cache pas. Mais il est encore temps, peut-être, de se remuer et de se mobiliser pour la planète, la justice sociale, etc.
D’aucuns trouveront le message un brin angélique (il l’est), peu profond (l’argumentaire n’est pas sophistiqué mais on parle de rock pas d’un essai), mais il se dégage, comme souvent, du chant de Garrett un tel souffle, un tel élan et une telle conviction qu’on a envie d’y croire à nouveau et de bouger avec le groupe. On n’a toujours pas compris comment on s’était mis dans une telle panade et surtout pourquoi les millions de personnes ayant acquis désormais la conscience du désastre à venir n’étaient pas en mesure de faire bouger les choses d’un iota. C’est cet état de fait que le rock conscient de Midnight Oil interroge avec brio. On avait déjà disserté sur la bouteille à la mer (l’amer…) jetée par le groupe au milieu des années 80 avec l’emblématique Beds Are Burning. Il est fort peu probable que tout cela ne serve à rien… mais le groupe sera au moins mort en train d’essayer comme dirait 50 Cent. Avec sa mise en place au ralenti et son crescendo un peu poussif, Midnight Oil signe une belle chanson dont on doute tout de même un peu de l’impact.
La musique et le texte sont signés Jim Moginie, le guitariste, fondateur et principal compositeur du groupe (avec le batteur Rob Hirst). Garrett interprète à la perfection et avec beaucoup d’émotion ce texte à la fois désabusé, accusateur et teinté d’espoir.
Free market and labour rights
Women’s vote and hunger strikes
War is over in Times Square
Please don’t say that nobody cares
Standing up to those who sell fear
With a polite insistence to hear
Only if
We resist
It’s a storm
Without end
Where’s the lighthouse?
Where’s a friend
Come to think
It can’t last
Only if
We resist
D’où qu’on se place c’est du bel ouvrage, habité et pétri de bonnes intentions. Ca donnerait presque envie d’écouter du U2 et de voter à gauche. Si seulement…