La crise qui s’éternise devrait favoriser, dans le moyen terme, l’expression des musiques furibardes, déchaînées, soniques, revanchardes et électriques. Est-ce que 2021 sera l’année du déchaînement et de la colère, de la révolte et des cheveux gras ? C’est une hypothèse à prendre au sérieux que semble valider la sortie prochaine du premier album de CLAMM, la nouvelle tornade punk venue de Melbourne, Australie.
Le premier extrait de l’album, Keystone Pols, n’est pas notre préféré et donne une vision un peu étriquée d’un trio virevoltant et qui est capable de souffler le chaud comme le froid. Leur live At The Tote, sorti l’an dernier en cassette uniquement, est une tuerie véritable et on a tout lieu de penser que ce premier disque pourrait déchirer la face du monde et révéler la triste vérité : il n’y a rien dessous que du vent et de la mort en branche. Ce qu’on a pu voir du groupe est aussi excitant que si on avait pu assister aux premiers concerts de Jay Reatard et de sa bande : ça rue dans les brancards, ça explose sur des rythmiques millimétrées et cela accélère à tout va dans les lignes droites et les virages. CLAMM est un jeune groupe qui parle non-violence, critique le système avec beaucoup de délicatesse et incarne à lui tout seul une sorte de relève de la bien-pensance en mode énervé. Pendant punk et australien d’un groupe moraliste chrétien pour la génération Greta Thunberg, les CLAMM ont des visages angéliques et juvéniles à l’image de leur bassiste (pour laquelle on craque comme tout le monde), la parfaite Maisie Everett. Le look de Big Jim ellisien du chanteur Jack Summers n’est pas mal non plus et devrait (on l’espère) propulser leur disque à paraître chez The Orchard Music au firmament des musiques indé. Beseech Me, c’est le nom de l’album, arrive en avril et on y sera (ou pas).