Morrissey récompensé pour la pire scène de sexe de l’année

MorrisseyL’ancien chanteur de The Smiths dont on avait rendu compte du premier roman, List of The Lost, il y a quelques mois, a été récompensé hier par le Jury du Bad Sex Award pour la Pire Scène de Sexe de l’année 2015. Étrillé par la critique, List of The Lost (dont la traduction n’est annoncée nulle part ici) a connu une fortune inverse par rapport à l’Autobiographie que Morrissey avait sorti l’année précédente. Le livre en soi n’est pas si mauvais mais souffre d’une écriture très pompeuse et de quelques facilités narratives. L’histoire (au demeurant pas si inintéressante) raconte les mésaventures d’un groupe de jeunes athlètes de relais qui à la suite d’un accident (ils tuent une sorte de clodo mystique) sont poursuivis par une malédiction. Les morts et les déboires s’enchaînent tandis que le « héros » vit, en parallèle, ses premiers émois amoureux. Conte d’horreur et livre de campus, le roman mérite probablement une seconde chance. Il mélange ainsi des éléments gothiques qui rappellent le série Z Jusqu’en Enfer de Sam Raimi (film à découvrir si vous ne l’avez pas vu) et une ambiance à la Dona Tartt.

Côté cul, puisque c’est de cela dont il est question, Morrissey s’attaque à la chose avec beaucoup de délicatesse et la distance mécanique dont il est coutumier. Les passages osés sont caractérisés par une avalanche de métaphores ou de formulations inhabituelles, dont on louait paradoxalement l’effet décalé. Alors que le Bad Sex Award, institution qui existe depuis de nombreuses années, vilipende traditionnellement les écrivains qui tentent des descriptions poisseuses (voire poissonneuses), porno tarte à la crème, ou archétypales, on ne peut pas reprocher à Morrissey d’avoir cédé à la facilité. Parmi les séquences les plus moquées, on trouve ainsi ce paragraphe :

« At this, Eliza and Ezra rolled together into the one giggling snowball of full-figured copulation, screaming and shouting as they playfully bit and pulled at each other in a dangerous and clamorous rollercoaster coil of sexually violent rotation with Eliza’s breasts barrel-rolled across Ezra’s howling mouth and the pained frenzy of his bulbous salutation extenuating his excitement as it whacked and smacked its way into every muscle of Eliza’s body except for the otherwise central zone.”

On ne se risquera pas à traduire l’intégralité du passage mais on notera l’audace du « one giggling snowball of full-figured copulation » (« une boule de neige gloussante d’ovoïde copulation ») et bien entendu le désormais célébrissime « the pained frenzy of his bulbous salutation » (« la triste folie de son hommage turgescent »). On ne prétendra pas que ces formulations sont heureuses mais elles vont comme un gant au personnage étrange d’Ezra (Pound) qui occupe Morrissey et ne sont pas sans effet. Ni excitantes, ni honteuses, les scènes de sexe de Morrissey sont à la fois follement ridicules et originales.

Un malheur ne venant jamais seul, Morrissey, qu’on avait laissé en train d’essayer de faire de son single I’m Throwing My Arms Around Paris, une chanson hommage aux événements du 13 novembre, s’est signalé, hier toujours, par un retour remarqué sur la réclamation qu’il avait déposée suite à un passage « musclé » au contrôle frontalier d’un aéroport américain. Fouillé au corps, molesté et « abusé sexuellement » selon ses dires alors qu’une vidéo bien anodine circulait sur le net, Morrissey a reçu une fin de non recevoir de la part de la direction de l’aéroport concerné. Il a mis en ligne un communiqué très tendancieux où il considère que « même Daesh ne s’abaisserait pas à maltraiter quelqu’un de cette manière« . La déclaration provocatrice est bien entendu très malvenue et a déclenché une vague de protestation au sein même du Mozdom, la communauté des fans idolâtres du Moz (dont on fait partie, pour le meilleur et pour le pire).

Comme tous les autres, on attend la réponse en (bonnes) chansons. Et de ce côté là, c’est toujours et malheureusement le calme plat. To be followed.

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