Le temps où on écoutait Juliana Hatfield est désormais si loin qu’on ne se souvenait même plus l’avoir aimée un jour. Dans une autre vie peut-être où entre une excursion avec les Lemonheads et une série d’albums pétillants, l’Américaine (qui a aujourd’hui 51 ans) a pu incarner, avec quelques autres comme ses contemporaines Kristin Hersh ou Tanya Donelly une certaine idée du rock indé féminin à l’américaine. Difficile de croire aujourd’hui que les années 90 sont devenues les années 60 d’hier : lointaines et évanescentes, au fil des souvenirs qui passent.
Depuis quelques années, Juliana Hatfield (comme tant d’autres) est revenue modestement aux affaires : petit label ou crowdfunding lui ont permis de réenregistrer trois ou quatre albums que pas grand monde, à part quelques fans fidèles (et forcément hardcore), ont pu savourer en paix. Il y a évidemment une forme de noblesse à fédérer ainsi une tribu d’admirateurs à travers les décennies, mais bien évidemment aussi une forme de tristesse qui se dégage d’une musique qui a perdu des positions (commerciales et artistiques) avec le temps qui passe. Aujourd’hui, Hatfield revient chez American Laundromat Records (qui a hébergé Donelly justement) avec un nouvel album, Weird, qui sort le 18 janvier. La pochette est magnifique et le travail du label toujours aussi soigné et précieux. Côté musique (tout de même), Lost Ship, premier single ambassadeur à bénéficier d’un traitement vidéo, est une belle chanson triste et élégante où une jeune femme qui a tout perdu s’accroche à sa liberté. Sans argent, maison, amour, elle garde la tête haute et s’ébroue la robe dans le vent, entre trip post-new age et affirmation d’indépendance.
Lost Ship est une belle chanson pour peut-être renouer avec la native de Boston tant elle semble évoquer avec justesse son parcours et l’idée qu’on peut s’en faire. Il peut évidemment y avoir un après quand il n’y a plus de passé. Il peut y avoir une renaissance quand l’oubli s’évapore. Sans doute faudra-t-il prêter une oreille à ce Weird, histoire de ne pas rater une émotion nostalgique.
Oui, on peut prêter une oreille à ce disque, d’une grande diversité mélodique (ce qui fut toujours un point fort de Juliana Hatfield). Mais le disque d’avant, son surprenant Tribute à Olivia Newton-John, était déjà très bien
Carrément. Pas encore écouté l’album en revanche.