Se payer la tronche de Morrissey et de son récent premier roman, l’un des pires jamais signés par quelqu’un d’aussi doué selon ce qu’on a lu partout, est presque devenu un sport (inter)national depuis quelques semaines. En tant que journaliste, écrivain et fan qui tient Morrissey pour une sorte de Dieu personnel, la tentation est alors grande de faire son intéressant, de prendre le contrepoint de cette curée et de prétendre que List of The Lost n’est pas si mauvais. On essaiera tant que faire se peut de ne pas tomber dans le panneau, le roman ne méritant pas tant d’indulgence d’un point de vue littéraire, même s’il faut lui reconnaître des qualités objectives et l’intérêt de nous apprendre quelques petites choses sur Morrissey, ce qui, du point de vue du fan, est toujours appréciable et apprécié.
Histoire de remettre les pendules à l’heure, il faut commencer par le début : List of The Lost ne correspond en rien (ou presque) à ce qu’on attendait de Morrissey. La plupart d’entre nous rêvions depuis 30 ans (et c’est quelqu’un qui a dans sa bibliothèque son livre sur James Dean et celui sur les New York Dolls qui parle) à cet instant magique où Morrissey poserait sur la table un Immense Roman, un truc aussi important pour la littérature et pour nous que la musique de The Smiths ou Vauxhall and I. Ses précédents romans s’appelaient, pour ne parler que des dernières années, First of The Gang To Die ou Staircase at the University, deux merveilleuses nouvelles écrites en à peine 200 mots et un refrain. Ces romans/chansons avaient tout pour elles, au même titre de nombreuses compositions du chanteur : un héros magnifique, une fin tragique et des descriptions soignées d’un contexte social dégénérant en un crescendo d’émotions impeccable. List of The Lost aurait pu se hisser à ce niveau mais ce n’est pas le cas. Ce qu’on a présenté à tort comme un roman ne fait en réalité que 117 pages et relève de la forme qu’on désigne là-bas comme une « novella », c’est-à-dire un format hybride entre la longue nouvelle et le petit roman mais qui commande une technique spécifique et répond à des règles précises. Cette forme a aussi ses exigences et ses limites dont l’une est de ne pas pouvoir soutenir dans la durée le style fleuri, voire luxuriant, de Morrissey et sa volonté de parler de beaucoup trop de choses. La novella est une forme romanesque qu’on ne conseille pas aux débutants : cela requiert la concision et l’esprit de décision de la nouvelle, et en même temps la profondeur de champ et d’analyse psychologique d’un roman. Morrissey sait tout à fait y faire avec ces composantes lorsqu’il s’agit d’écrire une chanson de 3 minutes mais n’arrive jamais ici à trouver le juste équilibre qui permettrait à son récit de tenir la route. Ce n’est pas si simple et sans doute a-t’il pêché en souhaitant fourrer dans son histoire des choses dont il avait envie de parler en pensant que cela renforcerait l’impact global. Le problème, c’est qu’une novella fonctionne plus sur ce qu’on retire et ce qu’on laisse de côté que sur ce qu’on écrit vraiment. C’est une affaire purement technique.
L’art de la novella
List of The Lost est situé à Boston dans les années 70. C’est bien une sorte de roman de fac gothique comme annoncé dont l’atmosphère pourrait rivaliser avec ce qu’a pu faire de meilleur quelqu’un comme Dona Tartt. Morrissey est né en 1959 et ses jeunes années ne sont pas si éloignées de la période à laquelle son intrigue se noue. Il sait donc de quoi il parle. Il est assez surprenant du reste qu’il n’en fasse pas plus sur l’oppression de la vie universitaire et du système scolaire qui reste parmi ses thèmes de prédilection. Ici, donc, on a quatre jeunes gaillards qui forment une équipe talentueuse de relais athlétique, qui s’entraîne en vue d’une course très importante. Les scènes d’exposition sont plutôt bien menées et on a (contrairement à ce qui a été écrit partout) des personnages qui sont construits correctement et bien distincts à l’échelle d’une novella. Quatre types, un chef, des suiveurs, certains sont forts, d’autres faibles, et globalement constituent une sorte de fratrie (homoérotique bien sûr, comme tout groupe de jeunes hommes) soudée et vaillante. L’entraîneur irascible et paternel est très bien saisi. Il y a des filles à l’arrière-plan qui agissent comme des groupies sauteuses et languissent d’amour pour cette phalange post-athénienne. Le texte n’est pas désagréable et repose sur quelques partis pris originaux et risqués comme celui d’adopter un style globalement maniéré et survitaminé en adjectifs ainsi que d’intégrer de nombreux dialogues intellectuels et poétiques. L’écriture de Morrissey n’est pas sans rappeler celle de Scott Fitzgerald sur l’Envers du Paradis, son premier roman. C’est presque aussi bon et mauvais à la fois. Il y a de bons moments et des séquences uraniennes qui s’adresse directement à notre intelligence mais cela sonne le plus souvent comme assez maladroit et un peu lourd.
Destination finale
A la lecture, il est parfois difficile de s’en tenir à la phrase qui est trop profuse, ce qui produit des phénomènes de décrochage fréquents et confère une forme d’artificialité aux situations dépeintes. L’atmosphère de la fac américaine des années 70s (le sexe, l’équipe de relais, l’absence de description de la vie scolaire) porte en elle une forme d’imagerie gothique que l’intrigue renforce et qui contribue à plonger le tout dans un flou onirique dangereux. Il est probable que Morrissey a voulu créer cette impression mais il est toujours périlleux d’user de dispositifs qui tiennent le lecteur en dehors de ce qu’on raconte. List of The Lost fait penser à la vidéo de Charlotte Sometime des Cure (gageons que Morrissey appréciera au moins autant la comparaison que Robert Smith !) : le livre flotte autour de nous comme un voyage somnambule au cœur d’un cauchemar adolescent. Ce qui suit (le meurtre du clodo, la malédiction, l’histoire de fantôme débile et bien sûr la fin macabre de l’équipe de relais) n’est en revanche pas du tout ridicule, comme on l’a lu partout. C’est une histoire d’horreur classique, avec un brin de fantastique, qui constitue une assez bonne matière première pour un bon pulp. Il y a peut-être trop de morts mais cela aurait pu faire un excellent épisode de la série Destination Finale, si seulement Morrissey avait soigné les articulations entre les séquences. La mort du premier relayeur est très bien menée et la relation avec sa mère très bien rendue. La seconde séquence meurtrière (le fantôme et la mort du gamin) est conduite si rapidement qu’on se demande si elle a bien existé alors qu’elle est déjà devenue la pièce centrale de la seconde partie du roman. En tout état de cause, il y a vraiment des tas de choses intéressantes ici et des personnages qui auraient pu faire une belle histoire. Les amants (Ezra/Eliza) sont convaincants et même leurs scènes de sexe, unanimement moquées, sont plutôt d’audacieuses et originales pièces littéraires. Je peux faire erreur mais j’aime bien cette désormais célébrissime « bulbous salutation » (ce « salut turgescent » ou « bulbeux » qui désigne l’érection masculine) et cette manière à la fois pompière, strictement intellectuelle et un peu glacée d’envisager l’acte sexuel. C’est très Morrisséen et encore plus drôle si on imagine le bonhomme en train d’aborder la chose avec sa distance habituelle. L’entraîneur de relais est un magnifique personnage et le meurtrier gay réprimé un tueur aussi misérable qu’intéressant. La fin elle-même avec le meurtre des deux relayeurs et le dilemme de la jeune amoureuse ne manque pas d’attrait et de finesse derrière son apparence débridée. La novella a pas mal de défauts mais est aussi prometteuse. Certaines séquences auraient dû faire l’objet d’un retravail mais pas forcément avec l’ampleur que l’on croit car la direction générale est bonne et stimulante. Tout le monde l’a dit mais le livre manque cruellement d’une reprise, même superficielle, par un éditeur, même très moyen. Il y a par exemple des tas de pamphlets critiques sur tout un tas de sujets : Thatcher, Reagan, la viande, la politique, les juges. Ils sont partout et font partie de l’ADN du livre. Certains sont bons, certains brillants (on adore l’analyse de la série TV Bonanza notamment) mais d’autres carrément plats ou inutiles dans le contexte du livre. Un éditeur correct aurait aidé l’auteur à faire le tri. Il y a aussi 2 ou 3 phrases horribles sur les différences sexuelles sans lesquelles le livre aurait pu trouver un formidable positionnement féministe. Cela se joue à très peu de choses. Le seul truc qui déçoit vraiment finalement compte tenu de la personnalité de l’auteur est l’absence totale d’enjeux sociaux dans la narration. Morrissey est célèbre pour ses représentations d’outsiders et d’underdogs, de petites frappes et de la classe ouvrière en général. Or, il n’y a aucune trace de marxisme ou de réflexion sociale ici. C’est à la fois assez peu anglais et un véritable regret. Est-ce que les coureurs appartiennent aux classes favorisées ? Est-ce que le clochard est autre chose qu’un pantin de carnaval ? Un type qui a écrit des chansons aussi précieuses que Boxers ou connu Whalley Range lorsqu’il était jeune peut-il à ce point choisir d’ignorer cette composante au moment d’écrire son premier livre ? Toujours est-il qu’on aurait pu assez facilement, avec une petite semaine de travail supplémentaire, obtenir avec ce texte un très bon pulp aux accents de kitchen drama ado. C’est une certitude.
Fans only
Pour terminer, et pour les amateurs seulement, une analyse plus personnelle s’impose. Je suis et j’idolâtre Morrissey depuis les années 1985-96. Je suis né en tant qu’amateur de rock indé quand les Smiths se sont séparés ou approximativement. J’ai lu, je crois, à peu près tout ce qui a été écrit par ou sur Morrissey et Marr et dispose à la maison de deux étagères très très longues où j’accumule depuis des années des tas d’essais, de biographies et de documents portant sur la carrière de l’homme. List of The Lost, malgré ses lacunes, est un ajout non négligeable à cette collection parce que c’est un livre qui nous apprend plusieurs choses sur Morrissey. Comme je l’ai écrit avant, j’aime beaucoup le couple Ezra/Eliza car ils sont tous les deux Morrissey. Une sorte de duo miroir et jumeau, masculin/féminin s’impose comme la transcription romanesque des narrateurs historiques du chanteur : troisième sexe ou genre/ no sex, personnages wildiens qui ne sont constitués que de mots, d’intelligence et d’esprit. Leur relation est symptomatique de ce que Morrissey a recherché toute sa vie : l’équilibre entre la Nature et l’Intelligence, entre le Corps et l’âme, entre le sexe et la poésie. Le dilemme de la jeune femme est caractéristique du génie de Morrissey : est-ce que je dois choisir la culpabilité ou l’amour, l’ignorance ou l’innocence, l’inclination dictée par ma nature profonde ou le conformisme culturel ? Le livre ne parle que de morale. Le meurtrier gay est une sorte de personnage pasolinien inversé qui tue par frustration et peur de la disgrâce sociale. C’est un homme qui souffre à cause de sa sexualité contrariée. Avec un peu d’imagination, ce personnage n’est rien d’autre que le Charming Man avec quelques années de plus et qui a passé des décennies à vivre dans un placard sexuel. Qui pourrait dire que cela ne nous apprend rien sur Morrissey ? Si l’on se prête à une analyse psychanalytique du livre, c’est une mine d’hypothèses qu’il nous faut tester et valider. Par exemple, il y a cette relation entre Harri et sa mère mourante. Comment survivre à la mort de sa mère quand on est le fils le plus triste et solitaire de la Terre ? Il faut faire quelques efforts pour ne pas dire ouvertement que ce livre vaut mieux que ce qu’on en a dit partout. Non il n’est pas meilleur que cela, c’est bien un mauvais livre mais pour nous, le peuple de Morrissey, ce livre en dit probablement plus long et de façon plus intime sur Morrissey que son autobiographie. List of The Lost est un titre subtil et bien choisi. Morrissey est, depuis longtemps, du côté des choses qui disparaissent et qu’il a perdues plutôt que de ce qu’il possède. Ce drame par soustraction (les amis qui tombent les uns après les autres) me rappelle ce qu’il chantait sur Ammunition, l’une des plus belles chansons de ses années solo : « I don’t dwell of things I’m missing, I’m just pleased with the things I’ve found.” Ezra Pound réalise à la fin qu’il est condamné à vivre et à trouver son équilibre en se coltinant ce qui reste : la solitude, les espoirs envolés et les souvenirs. La condition humaine selon Dr Morrissey.
It’s been a(n) (inter)national sport these last weeks to have a frank and cruel laugh at Morrissey’s first fiction book, List of The Lost, and to consider it as one of the worst books ever written by someone…well… so gifted. It is therefore a temptation for any journalist, novelist or whoever fan who have for a long time recognized Morrissey as their personal God to take the counterpoint of this Moz bashing and affirm it is not that bad. We’ll try to resist it as long as possible, because List of The Lost doesn’t deserve any blind-loving attitude but it has a few objective qualities and can be of some interest for anyone who has ever been touched by Morrissey’s singing poetry and interested by the man.
First of all, List of the Lost is not the novel we had expected from Morrissey. We had dreamt for something like 30 years (and I own his New York Dolls and James Dean books!) for a magna opus, something as big and important as The Smiths’ music or Vauxhall and I, turned into a book. His previous best novels were named The First of The Gang to Die or Staircase At The University, two wonderful short stories penned with less than 200 words and a chorus. Those songs had it all, so as numerous Morrissey’s compositions: a wonderful hero, a tragic ending and beautiful description of social circumstances set in a dramatic crescendo of emotions. List of The Lost could have been such a thing but it is not. It is 117 pages long and adopts a novella form which is a bit too short to stand Morrissey’s poetic style and deal with so many issues. A novella is probably a form you should not use when you are a wannabe writer: it requires the art of concision and decision of a short story and at the same time the depth and psychological exploration level of a novel writing. Morrissey knows how to succeed on both of these points on a song format but can’t find the good equilibrium on that one. Well, it is not that easy and he probably tried to put as much stuff as he could in his story to reinforce its impact. The problem is a novella works on the things you’ve withdrawn and abandoned as much on the things you’ve really written. That’s a technical point.
List of The Lost is set in Boston in the 1970s. It is a sort of “gothic college novella” and its atmosphere is similar to Dona Tartt’s best work. Morrissey is born in 1959 so he was not that far from his young days when the plot is tied and knows exactly what he talks about. It is surprising he does not insist much on school oppression as it was one of his favorite themes in the past. So, four young men form a talented relay team and are training for an important college race to happen in a few months. Exposition is fine and we have (contrary to what is generally said) rather strong characters for a novella type of story. Four men, a leader, followers, some strong, some fragile and a good (homoerotic as it always is) friendly f(r)action. The coach is amazingly well penned, irascible and fatherly. We have girls begging for sex and admiring those post-Athenian heroes and a few good descriptions of a Bostonian campus. This is not badly done but with a few original artistic “parti pris” such as a quite pompous overwritten style and many intellectual and poetical dialogs. Morrissey’s writing reminds me of Scott Fitzgerald first novel This Side of Paradise (yes it does): it has its moments and it sometimes talks directly to your intelligence but mostly sounds too much and awkward. When reading, you have real difficulties to stick to the sentences and words and finally tend to find the depicted situations artificial. The 70s American college world (teenage sex, relay team, no school description) conveys a gothic imagery, reinforced by the plot, who contributes to make all this unreal and almost dreamlike. It may be an effect Morrissey has tried to produce but it makes the reader exterior to the plot which is always wrong. List of the Lost sounds like the video for Cure’s Charlotte Sometime (he probably will like the comparison as much as Robert Smith) : it is floating around us like a sleepwalking sequel of a teenage nightmare. What follows (the hobo murder, the curse, the stupid ghost story and the splendid tragic ending of the relay team) is not as ridiculous as some have say. It is classical horror or fantastic fiction and it is good for a short story or a pulp novel. There is maybe too many deaths but it could have looked like a good “Final Destination” episode really had Morrissey succeeded in his transitions. The first runner’s death is really good and the relation to his mother really moving. The second plot line murder (the ghost and teenage death) is so quickly introduced we are not that sure it has really happened when already elevated as a central part of the book’s second half.
Anyway, we have interesting things here and the characters could have made a great story. The lovers (Ezra/Eliza) are fine and even their sex scenes which have been mocked all over the world are quite original and audacious pieces of writing. I may be wrong but I like the “bulbous salutation” and that pompous intellectual icy way to describe sex. It is typical Morrissey and really funny to imagine him trying to discuss those things with his usual distance. The guys’ coach is remarkable and I also like the repressed gay murderer. The ending is good with the 2 friends’ murder and the girl dilemma. It is a novella with many defects but a few promises. Some sequences could and should have been reworked completely for sure but the overall direction is not without interest. What lacks here is, as everybody said, is a reasonable (and not massive) work of an editor. For example, there are rants (against Thatcher, meat, politicians, judges, etc) almost everywhere and they are part of the book DNA. Some are good, some are brilliant (the Bonanza analysis is amazing) but some are flat and really useless in the context of the book. A regular editor could have helped discussing them with the author. Hide 2 or 3 awful sentences about sex differences and you get an admirable feminist positioning. The only thing which is really deceptive for Morrissey’s standards is the total lack of social stakes. He is famous for representing the underdogs and there is no trace of social classes or Marxism here, which is untypically British and looks like unfinished business. Are the running team upper-class? Is the devilish hobo something else than a “carnavalesque personage”? That‘s really disappointing when you’ve written such a beautiful and powerful song as Boxers or dealt with Whalley Range as a young man. I am quite sure we could have expected a really good and original Pulp-like novella with a kitchen drama flavor with less than a week work addition (or subtraction).
We are now entering a more personal analysis for fans only. I’ve been following (and worshipping) Morrissey since 1985-86. I was born as a music fan when the Smiths collapsed. I’ve read almost everything which can be read about Morrissey and Marr and have two long, long and full shelves of Smithsian interest. List of the Lost is an interesting addition to my collection because it says a few things about Morrissey. As I said, I like the Ezra/Eliza couple. They are both Morrissey: masculine/feminine mirroring duo, the Romanesque transcription of this Third Sex/ No sex historical persona, people of speech, of wit and remarkable intelligence. Their relation is a good illustration of what Morrissey has searched for all his life: the balance between Nature and Intelligence, Body and Soul, sex and poetry. The girl’s dilemma at the end is typical Morrissey genius: should I chose love or guilt, ignorance or innocence, inclination of my inner nature or taught conformism? That’s all the book is about to the very end. The gay murderer is some kind of a reversed-Pasolinian character who kills from frustration and fear of social disgrace. He is a suffering man because of his repressed sexuality. With a bit of imagination, we could turn him into a Charming Man who has aged and lived a deceptive closet-life. Who could say it doesn’t say nothing about (Moz’) life? This psychoanalytical reading makes this small book a real mine of things to test and valid. For example, we have Harri’s relation to his dying mother. How can you survive your mum’s death when you are the loneliness boy on earth? We must fight hard not to make this book more interesting and better than it really is… NOT… but we, Morrissey people, can respect it and of course read it for what it is : an interesting exploration of our hero’s inner self, more intimate and personal than his though acclaimed biography. List of the Lost is a good and subtle title. Morrissey, we know it, is closer to the things he lost than to the things he’s got. This subtractive drama (friends falling one after the other) reminds me of what he used to sing on Ammunition, one of his most beautiful solo songs: “I don’t dwell of things I’m missing, I’m just pleased with the things I’ve found.” Ezra Pound has found in the end he’ll have to live comfortable with loneliness, spoilt expectations and souvenirs. Human condition as seen by Morrissey.