Sûr de ses faits (d’armes), Papier Tigre a parcouru le monde pour asséner sa furie à travers 25 pays. Car c’est bien sur scène que le trio nantais exprime toutes ses qualités : la puissance, la vélocité, la complicité et surtout le sens du partage, de la communion. Autant de qualités qu’ils partagent avec leurs compères de route Electric Electric, Pneu et Marvin avec qui ils forment La Colonie De Vacances (un concert en forme d’happening quadriphonique réunissant les quatre groupes). Une petite fratrie qui reflète l’excellent état de forme d’un genre musical qui semble avoir trouvé un terreau fertile en France. La no-wave se porte bien par chez nous.
En revanche, écouter la musique de Papier Tigre sur disque relève du plaisir solitaire et demande un certain volume sonore – ce qui ne convient pas souvent aux conditions domestiques ordinaires, mais s’avère une expérience jouissive au volant ou avec le casque sur les oreilles dans un lieu public. Il en sera probablement de même pour le quatrième album du trio, The Screw (Murailles Music, sortie le 29 avril 2016). Hebbies Jebbies, le premier des neufs morceaux du disque balancé sur le net pour faire monter la pression, est caractéristique du groupe, avec ses breaks incessants et ses changements de direction impromptus, une ligne mélodique passée au hachoir à riffs et un chant halluciné. La vidéo signée Vincent Pouplard en est la parfaite expression en images, en mettant en scène G. Um Tegue qui s’épuise dans une danse épileptique au milieu d’un terrain vague.