The Crumble Factory / Betsy Cha Cha
[Pop Sisters Records / PIAS]

7.5 Note de l'auteur
7.5

The Crumble Factory - Betsy Cha ChaEn France, le scintillement pop fait parfois peur. Grand nombre de musiciens préfère saccager leurs refrains, salir plutôt qu’enjoliver une voix étendard, obscurcir les compositions au lieu de les sublimer. Quelque part, ils n’ont pas tord : typiquement anglo-saxonne, la pop (la vraie, la pure – des Kinks à Blur en passant par XTC) nécessite beaucoup d’orgueil et très peu d’humilité. Or, en France, pas question de crâner face à des monstres tels que Damon Albarn ou Andy Partridge, refus catégorique de se mesurer aux légendes. En France, la modestie l’emporte sur la frime. D’où, également, lorsque certains osent l’exercice de la pop song, une façon de s’excuser, d’avancer profil bas (acoustique, timidité du chant, production à l’os).

Les exceptions existent, bien sûr. Hier, les Toulonnais El Botcho (et, de façon plus générale, le superbe label Toolong Records) osaient affronter les Beach Boys sur le terrain symphonique. Aujourd’hui, à Toulouse, The Crumble Factory balance un deuxième album qui assume cette idée de perfection pop. Et atteint son but.

Un disque baptisé Betsy Cha Cha ne peut décevoir. C’est ainsi. Car la science des intitulés indique souvent le degré d’ambition mise à l’œuvre. Dans le cas de The Crumble Factory, l’objectif est clair : des harmonies surpuissantes (mais lumineuses) au service de chansons qui se fredonnent dès la première écoute.

Rem Austin et sa bande (Patrick Pelenc, Sébastien Comet, Ann Lake – et Triboulet à la production) possèdent, comme tout le monde, des références explicites. “Belgians” évoque ainsi le “Find the Answer Within ” des Boo Radleys, “Mountain Boy” puise sa ligne de basse chez “Debaser” (Pixies), les accords de “Walter” rappellent le Smog période Dongs Of Sevotion, “No Sex on Monday” réveille tout notre amour pour les Pastels

Dans ce cas présent, les emprunts (inconscients ou pas, qu’importe) ont valeur de réappropriation. The Crumble Factory ne cite jamais ; au contraire se place-t-il dans une lignée. Ce groupe poursuit l’héritage des Boo et des Pixies, parce que, banalement, ces derniers ont sans doute agi tels des révélateurs chez Rem Austin. Cette sincérité (savoir d’où l’on provient, et l’assumer) est ici incontestable. Une honnêteté s’en dégage. Une pureté pop se perçoit encore plus clairement. En restant fidèle à ses fétiches, The Crumble Factory compose aujourd’hui des chansons foutrement personnelles. Le grand bol d’air frais de la rentrée musicale 2016.

Tracklist
01. Well Well Well
02. Belgians
03. Pâquerette
04. Mountain Boy
05. Walter
06. The Hill Song
07. So You Want to Be a Writer
08. Last Century Heroes
09. Rabbit
10. Bad Dreams
11. La Psyché des Héros
12. No Sex on Monday
13. Pierrot
14. Adèle
Liens
Recevez chaque vendredi à 18h un résumé de tous les articles publiés dans la semaine.

En vous abonnant vous acceptez notre Politique de confidentialité.

More from Jean Thooris
Spécial été : Twin Peaks (saison 3) en 10 titres
Que fait-on en été ? Plein de choses inavouables certes. Mais surtout, en...
Lire la suite
Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *