La surenchère, les rééditions luxueuses, les fonds de tiroirs en guise de bonus pour attirer le chaland, ce n’est pas le truc de The White Birch. Le trio norvégien préfère la discrétion à l’instar d’Ola Fløttum, l’âme du groupe depuis ses premiers pas en 1996. Un artiste éminemment talentueux, mais trop discret. D’ailleurs, l’homme reste, hier comme aujourd’hui, absent des médias alors qu’il vient de signer l’un (le ?) des disques de l’année. Car oui, c’est une certitude qui s’impose au fil des écoutes : alors qu’on aura oublié la plupart des autres albums parus ces derniers temps, quand bien même certains sont-ils parvenus à se hisser sur l’écume des vagues de la surproduction actuelle, on réécoutera The Weight Of Spring (Glitterhouse Records) encore dans dix ans. Avec une émotion toujours intacte.
Cette émotion, on l’éprouve instantanément lorsqu’on se replonge corps et âme dans Star Is A Just A Sun, treize ans après sa parution initiale. Tracklisting inchangé, pochette strictement identique (sans même une mention précisant qu’il s’agit d’une réédition), le label allemand n’a rien touché à cette œuvre séminale. Tout juste un petit toilettage en studio, puisque Helge Sten, l’homme qui se cache derrière Supersilent ou Deathprod, a opéré à un remastering de sa production originelle, sans rien révolutionner fort heureusement. L’œuvre, introuvable depuis sept ans, est donc enfin de nouveau disponible (et pour la première fois en format vinyle), tel que le trio l’a conçu.
A cette époque là, Ola chante encore parfois les paroles de son partenaire, Ulf Rodge, présent à ses côtés dans la plupart de ses projets, y compris Portrait Of David, l’autre projet de Fløttum en solo, et auteur d’un unique album : These Days Are Hard To Ignore – 2001. Hans Christian Almendingen est de la partie également, toujours subtil et ô combien précis derrière sa batterie.
Par la grâce de l’alchimie des trois musiciens, il y a une amplitude incroyable dans chacune de ces compositions qui ne sauraient s’apprécier individuellement. Comme chacun des albums réalisés par The White Birch, Star Is A Just A Sun a été construit avec minutie et dans un réel souci de cohérence. Il ne faut surtout pas sauter d’une plage à l’autre dans un survol superficiel, au risque de dilapider ce qui en fait l’essence même.
C’est toutefois Beauty King qui, par sa rythmique légèrement plus marquée et portée par une ligne de basse profonde, émerge et imprime un sentiment de béatitude mélancolique. Il s’agit là de la pièce maîtresse de ce disque qui traverse (et accompagne) les saisons et ne saurait souffrir de l’usure du temps. Que ce soit à la tombée du crépuscule un jour d’orage ou sous le soleil blanc d’un matin d’hiver, une pièce comme Donau Movies suspend le temps et capture les pensées.
Les mélodies imaginées par Fløttum s’affranchissent des structures classiques et restent atemporelles. On serait bien en peine de dater Star Is Just A Sun à qui la plupart des compositions d’un Olafur Arnalds doivent beaucoup – lui qui, comme d’autres, bénéficie d’une notoriété et d’une visibilité que The White Birch mériteraient de connaître depuis longtemps.
Espérons que cette réédition permette enfin de réévaluer la discographie de The White Birch aux oreilles du plus grand nombre et de hisser le génial Ola Fløttum aux côtés d’un Mark Hollis.
02. Breathe
03. Silly Malone
04. Love Is So Real
05. Beauty King
06. Star
07. Riot
08. Donau Movies
09. Glow
10. Atlantis