Goldie / The Journey Man
[Cooking Vinyl]

2.5 Note de l'auteur
2.5

Goldie - The Journey ManHasard de juin 2017 : deux visionnaires, absents depuis des lustres, amorcent leur retour. À gauche, David Lynch, muet suite à l’accueil mitigé d’Inland Empire (en 2006), ajoute une troisième saison à Twin Peaks. À droite, Goldie, inventeur de la drum’n’bass (ou presque), en hibernation depuis les volutes ambitieuses de Saturnz Return (1998). Dans tous les cas, une seule question : le génie doit-il revenir labourer le même terrain, quitte à le développer, ou bien oser le contre-pied absolu ?

Dans le cas Lynch, la deuxième option est de mise : casser, malaxer, réinventer la matière originelle, jusqu’au vertige des sens et la fascination démiurgique. Chez Goldie, en revanche, hum…

On pensait Goldie reconverti dans le graffiti, l’acting ou, qu’importe, la confection de bijoux dentaires. Au mieux : malgré quelques travaux anecdotiques depuis Saturnz, le DJ donnait l’impression d’une invisibilité à la Mark Hollis. Fallait-il ainsi réenclencher la machine, remettre le titre sur le ring, oser un nouvel album ? Réponse lapidaire : non !

The Journey Man, inversement au Lynch de Twin Peaks, reprend les choses comme si rien n’avait changé depuis dix-neuf ans, comme si la DnB était toujours la next big thing. Et déjà, hier, certaines ficelles se voyaient chez Goldie. Aujourd’hui, elles sont flagrantes – tel un ourlet mal camouflé.

En gros, cet album (absolument inutile) est une resucée de Timeless (premier et meilleur ouvrage de Goldie) : on y retrouve les mêmes rythmiques métalliques, la même sécheresse harmonique – recette pépère qui rend chonchon. Aucune nouveauté à signaler : des voix féminines, quelques notes atmosphériques, le b.a.-ba. Goldie dans toute sa flemmardise.

Du coup, on comprend mieux la retraite anticipée du Metalheadz en chef suite au double album Saturnz. Que faire après avoir entraîné la DnB vers le rock (Noel Gallagher), le rap (KRS-One), l’apport divin (David Bowie), la confession et la pudeur mélancolique ? Rien, tout simplement rien… Recycleur d’un talent éphémère, Goldie, en 2017, ne dépasse guère le fantôme de lui-même. Du vent et de l’académisme. Macabre.

Tracklist
01. Horizons
02. Prism
03. Mountains
04. Castaway
05. The Mirrored River
06. I Adore You (Goldie vs. Ulterior Motive)
07. I Think of You
08. Truth ft. Jose James
09. Redemption
10. Tu Viens Avec Moi?
11. The Ballad Celeste
12. This Is Not A Love Song
13. The River Mirrored
14. Triangle
15. Tomorrow’s Not Today
16. Run Run Run
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