Jusqu’à quel degré de complaisance nous conduira notre nostalgie ?
A l’heure où l’innovation en matière musicale est une denrée aussi rare que les bonnes nouvelles pour le PIB national, on peut parvenir à apprécier Nature, le troisième album de Valet, tout en admettant sans ciller qu’il s’agit d’un édifiant exercice de style. On pourrait disserter sans fin sur le comment du pourquoi les années quatre-vingt-dix constituent une source inépuisable d’inspiration pour les artistes contemporains. Ce serait autant une source de réjouissance que de consternation, alors on laissera le débat à d’autres pour ne pas gâcher le plaisir d’écouter Nature.
Honey Owens et son compagnon Rafael Fauria ont recruté Mark Burden à la batterie pour donner de la consistance à leurs compositions qui doivent beaucoup, voire énormément à trois références intouchables : Slowdive, Cocteau Twins et Seefeel. La formule est donc connue, quand bien même ces compositions shoegaze sont ici judicieusement relevées d’un soupçon IDM dans leurs parties les plus méditatives. Dans ce registre abondamment recyclé, on pointe de menus écarts : ici, une once My Bloody Valentine quand le son se fait moins propret; là, sur Transformation, une digression psychédélique étouffée par un bourdonnement dans un exercice que maîtrisait parfaitement Flying Saucer Attack. Mais c’est bien le chant éthéré de la mystique américaine (qui préfère se planquer derrière ses cheveux que d’avancer à découvert semble-t-il) qui est au centre de toutes les compositions et apporte une saveur singulière à Nature – ou selon le point de vue, borne cet album à une relecture appliquée et condescendante du triumvirat précité.
Ce qui est certain, c’est qu’on ne cherchera pas ici l’originalité. Et à défaut de verdict, à chacun d’apprécier de sa capacité à être conciliant ou intransigeant, à prendre du plaisir (coupable) ou à s’agacer (inutilement).
02. Nature
03. Signs
04. Lion
05. Nowhere
06. Clouds
07. Transformation
08. Child