Dix ans d’Herzfeld, cela se fête. Outre une soirée événement qui réunira Electric Electric et Lauter (le 21 novembre prochain, à Strasbourg of course), le plus indie-pop des labels français célèbre une décennie d’activisme pointilleux en éditant le troisième album de A Second Of June. Pastel Palace, donc : un contre-pied, le refus de la stagnation, et, disons-le, une prise de risque qui pourrait laisser certains fans de The Inside Laws sur le carreau (ce qui serait très injuste pour le beau trio composé d’Elsa Lion, Grégory Peltier et Olivier Stula).
Le courage d’A Second Of June consiste à miser aujourd’hui sur le tout synthétique, sur une forme assez vintage d’allégeance électro-pop. Pourtant, rien de passéiste dans la démarche. Au contraire : il s’agit moins, sur Pastel Palace, d’évoquer la new wave 80’s que sa réappropriation limite avant-gardiste par le label Italians Do It Better (autrement-dit : par le meilleur de l’actuelle pop). A l’instar de Johnny Jewel, ASOJ utilise certes ici des ambiances, des claviers et des boites à rythme qui ne pourront que titiller les souvenirs adolescents des quarantenaires toujours accros à Love Comes Quickly, Heaven Knows ou p : Machinery. Mais si prédomine évidemment le souhait d’enivrer l’auditeur par une suite ininterrompue de tubes potentiels, l’ambiance, comme chez Chromatics et Glass Candy, navigue entre la volonté dance-floor et une forme doucereuse de rêverie opiacée. Disque sournois, faussement ensoleillé, Pastel Palace pratique, en catimini et de façon invisible, l’écart des genres : tristesse à la Pet Shop Boys (Liar), disco au pouls ralenti (Why Do I, titre le plus… Johnny Jewel de l’album), single entêtant qu’il ne faudra pas oublier lors du bilan de fin d’année (Naughty Boy), ascétisme bluesy rappelant certains morceaux de Unfair To Facts (Chlorine Taste)…
A Second Of June, avec ce disque aussi mélomane qu’émancipé, construit une passerelle entre nostalgie et visions futuristes, amour des années 80 et chimie amusée ; un clavier dans le passé pour mieux regarder l’avenir dans le blanc des yeux. Ce n’est pas une évolution mais une ascension.