[Chanson Culte #55] – It’s Alright des Pet Shop Boys : L’Art pour survie

It’s Alright des Pet Shop BoysIt’s Alright n’est peut-être pas la première chanson qui vient à l’esprit lorsqu’il s’agit d’évoquer la plantureuse discographie des Pet Shop Boys – bien que ce fut un single mémorable extrait d’un album non moins monumental, Introspective, le troisième PSB paru en 1988. Sans doute car It’s Alright est l’une des rares reprises du duo : à l’origine, un morceau house (effectivement enivrant) composé par Sterling Void et Paris Brightfledge que Neil Tennant et Chris Lowe découvrirent sur une compilation éditée en 87 par un label de Chicago et qu’ils décidèrent de reprendre fissa. La reprise PSB conserve peu ou prou les paroles initiales (Neil se permet néanmoins quelques petits ajouts) mais diffère totalement sur le plan musical : de typiquement house, la chanson se transforme en un masterpiece synth-pop n’ayant rien à envier aux autres tubes composés à cette époque par les PSB (année de Always on My Mind, Left to My Own Devices et Domino Dancing, rien que ça !).

Le vidéo-clip accompagnant le titre fit également grande impression. D’abord car les PSB, dans un somptueux noir et blanc, se retrouvaient accompagnés d’une ribambelle de bébés symboles d’une génération future à préserver des cataclysmes d’antan (« Dictation being forced in Afghanistan, revolution in South Africa taking a stand, People in Eurasia on the brink of oppression »). Ensuite car, fait unique, Chris Lowe y esquissait un semblant de sourire à de nombreuses occasions (il suffisait d’un simple bébé pour lui offrir la joie de vivre) !

It’s Alright des Pet Shop BoysMais bien sûr, parler en octobre / novembre 2020 de It’s Alright n’a rien d’anodin. Car il suffirait aujourd’hui de remplacer les problèmes mondiaux ici évoqués par l’actuel quotidien planétaire (des Etats-Unis à la France, du Brésil à l’Italie) pour admettre que la structure du titre, faussement naïve, ne perdrait rien de son impact documentaire.

Seul un point, entre 88 et 2020, est malheureusement proche du déclin. En ces temps lointains, Neil Tennant, face à la barbarie et aux guerres, pas encore face aux virus, clamait la toute puissance de la musique, donc de l’art (« Generations will come and go / But there’s one thing for sure / Music is our life’s foundation /And shall succeed all the nations to come »). De nos jours, entre confinements et couvre-feux, la musique est le cadet des soucis des dirigeants – de même que les livres et les cinémas. La culture, c’est clair, ne va pas réunir les nations. Au contraire : chose inutile, récréative, bien moins légitime que le bon fonctionnement de l’Economie, l’Art, et particulièrement le secteur musical, est nié, bafoué – on a parfois l’impression que les dirigeants s’adressent aux musiciens sur ce ton : « changez de métier ».

It’s Alright détenait un beau message d’espoir et de fraternité. Un message culturel. Espérons à nouveau le ressentir un jour autrement que sur un mode individuel.

Sterling void & Paris Brightledge- It’s all right

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